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Patrimoine

Fin de parcours pour un pilleur de châteaux

Après trois années d'enquête, Cornelius Martens, le commanditaire d'un trafic international d'objets vient d'être extradé en France.

SAINT-ETIENNE, 4 jan (AFP) - L'extradition fin décembre en France par les autorités belges du commanditaire présumé d'un trafic international d'objets d'art, provenant de cambriolages de châteaux et de riches demeures françaises, devrait apporter un épilogue judiciaire à une vaste enquête commencée en 1998. Marchand d'art, Cornelius Martens, un Néerlandais de 49 ans, a été extradé le 21 décembre de Belgique, où il était en détention provisoire depuis plus d'un an, a-t-on appris vendredi de sources judiciaire et policière. Il avait été interpellé à Retie (nord de la Belgique) où il s'était installé. Le juge d'instruction de Montbrison (Loire), Jean-Luc Jaillet, chargé du volet recel de cette affaire de pillage de centaines de belles propriétés et de châteaux en France, a patienté plus d'un an pendant que M. Martens épuisait toutes les voies de recours pour tenter de se soustraire au mandat d'arrêt international lancé contre lui. Mis en examen pour "recel de vol aggravé en bande organisée, en état de récidive légale", il a été écroué à la prison de La Talaudière (Loire).

Une douzaine de ses "fournisseurs", pour la plupart des gens du voyage de Rhône-Alpes, qui avaient été mis en examen en décembre 2000, ont été remis en liberté au cours de l'année. Seul le passeur, Mario Cipoletti, un chauffeur-routier italien interpellé en novembre 2000 à Tarare (Rhône) au volant d'un poids-lourd rempli d'objets volés, était encore détenu en France dans le cadre de cette affaire jusqu'à l'arrivée de Martens. Confrontés depuis 1998 à une recrudescence de cambriolages de belles demeures et de châteaux, les enquêteurs avaient constitué une cellule spéciale baptisée "Château 78" pour traiter l'ensemble de ces affaires. Les premiers cas avaient été observés dans les Yvelines. La coopération policière entre la France et la Belgique, mais aussi entre policiers et gendarmes français, a permis le démantèlement de la filière, selon les enquêteurs.

Les objets volés étaient transportés en camion. Une quarantaine d'entre eux auraient transités par la Belgique, selon une source proche de l'enquête. La valeur du butin était variable, mais elle pouvait dépasser deux millions d'euros, notamment après les cambriolages du château de Vaux-le-Vicomte, qui inspira Versailles, du palais national de Compiègne, une des résidences de Napoléon Ier, ou bien du château de Menars, domicile de La Pompadour. Demeure familiale de l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing, le château de La Varvasse, à Chanonat (Puy-de-Dôme), avait également été "visité" par les cambrioleurs, qui avaient fait main basse sur des chandeliers, des statuettes, des insignes militaires, ainsi qu'une pendule Charles X. Aucun des malfaiteurs n'a été interpellé en flagrant délit, bien qu'il leur soit arrivé de cambrioler des résidences en présence de leurs occupants, comme ce fut le cas pour le président du groupe RPR au Sénat, Josselin de Rohan, en juillet 98, le soir de la finale de la Coupe du monde de football remportée par la France.

Par Denis MEYNARD

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  AFP
05.01.2002