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Marché

L'art contemporain ne parle pas français

L'année 2001 s'achève sur un bilan positif, atténué par le faible intérêt porté aux artistes du cru.


Jean Dubuffet, Clochepoche
(2,6 millions FF, Etude Briest,
23 juin)
Tous les experts semblent s’accorder sur le sujet, l’année 2001 a été faste. Florence Latieule se félicite de la position de « leader sur un marché de l’art moderne et contemporain qui se porte plutôt bien » du nouveau groupe Artcurial Briest tandis que Marie-Aline Prat se réjouit du développement du secteur contemporain de l’étude Tajan qui « récolte enfin les fruits d’un travail mené depuis des années ». Quant à Wilfrid Vacher, il souligne le succès de l’enchère de l’étude Cornette de Saint-Cyr à Drouot Montaigne, le 13 octobre dernier, rappelant que c’est « la plus grosse vente du domaine en France depuis une dizaine d’années ».

Cette réussite souligne l’apparition d’un nouveau marché. « On touche un nouveau public, des personnes d’une quarantaine ou d’une cinquantaine d’années ayant une bonne situation », constate Marie-Aline Prat. « Il y a enfin des personnes impliquées dans l’art de notre époque ! C’est une tendance qui se poursuit, qui se confirme ». Impression partagée par Wilfrid Vacher, « On trouve des acheteurs pour les choses les plus pointues qui étaient jusqu’ici assez rares sur un marché français plutôt frileux ». L’expert s’avoue surpris par les résultats de la vente « audacieuse » du mois de décembre qui proposait une installation de Joseph Kosuth ou un Danton conçu par Nam June Paik pour les Champs de la sculpture 2000.


Andy Warhol, Silverliz
(6,4 millions FF,
Etude Cornette de Saint Cyr,
13 octobre)
Comme à New-York, l’année a été marquée par un marché plus sélectif. « Les bonnes pièces trouvent acheteur mais ce n’est plus le cas des œuvres moyennes », note Wilfrid Vacher. D’où un certain repli vers les pièces historiques, les valeurs sûres, illustré par les adjudications des artistes américains des années 60, comme Warhol. Parmi les trois enchères les plus élevées de l’année figurent en effet la Silver Liz et les Flowers vendues respectivement pour 6,4 et 2,3 millions de francs par l’étude Cornette de Saint Cyr.

Seul bémol à cet enthousiasme, le faible intérêt porté aux artistes francais. « On remarque depuis un trimestre que les artistes français se vendent et s’exportent plus difficilement », remarque Florence Latieule. Seul Robert Combas, Francis Hybert et Georges Dubuffet semblent tirer leur épingle du jeu. « On avait déjà des prix-records avant l’exposition de Beaubourg avec les 2,6 millions de Clochepoche au mois de juin. Mais des rétrospectives de cette ampleur ne sont évidemment pas sans incidence sur le marché ». L'embellie va-t-elle se poursuivre ? Les ventes à venir nous le diront…


 Zoé Blumenfeld
14.01.2002