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Politique culturelle

Les arts à l’assaut de l’université

Catherine Tasca et Jack Lang ont présenté hier un nouveau protocole de collaboration entre leurs ministères. Son objet : faire entrer l’art en force dans les études supérieures.

Après l’école, qui a eu en décembre 2000 son plan à cinq ans, présenté comme «grand succès», voici venu le temps des études supérieures. Le protocole signé entre les ministres de l’Education et de la Culture vise à mettre en place des actions communes pour que l’art et la culture aient une plus grande place dans les programmes universitaires. Cette collaboration s’exprime par la mise en place de «ponts» entre les deux administrations : un politique évidente, mais qui se faisait attendre depuis longtemps et que Jack Lang décrit comme «une véritable réforme de l’Etat». Chaque université devra avoir son conseil culturel, alors que beaucoup en sont encore privées.

Certains jalons ont été posés comme les conventions entre les universités et les DRAC (directions régionales des affaires culturelles), mais elles n’ont été signées, à ce jour, que par un tiers des universités. La mise en commun d’une bibliothèque par l’école d’art de Tourcoing et l’université de Lille 3 en est une autre modalité, qui devra être étendue. Pour Catherine Tasca, cette volonté de lancer des ponts entre les différentes disciplines s’illustre parfaitement dans les ateliers de l’Isle-d’Abeau, un centre de création récemment inauguré, qui voit collaborer 6 écoles d’architecture, 2 écoles d’ingénieurs, 3 écoles d’art et un centre de recherches de la région Rhône-Alpes. La transdisciplinarité s’étendra aussi à la formation des enseignants. Ainsi, un certificat complémentaire en histoire de l’art sera-t-il institué dans la deuxième année du cursus des IUFM (Instituts Universitaires de Formation des Maîtres).

L’un des dispositifs clés est la fondation de l’Institut National d’Histoire de l’Art. «Nous vivons dans un paradoxe insupportable, a souligné Jack Lang. La France est le pays des 38 000 monuments, des musées rénovés, de l’attention au patrimoine. Mais, dans le même temps, on y traite l’histoire de l’art avec une grande indifférence.» L’INHA occupera une partie du siège historique de la Bibliothèque Nationale, rue Vivienne, et utilisera notamment la salle de lecture Labrouste. François Mitterrand avait demandé en 1982 à André Chastel un rapport sur la place de l’histoire de l’art. L’historien avait préconisé la création d’un institut spécialisé. Il aura fallu attendre vingt ans pour voir son souhait réalisé. Pour le ministre de l’Education, le fait que l’INHA soit cofinancé par les deux ministères est emblématique. Jack Lang a aussi appelé de ses vœux des universités «lieux de vie, d’échange et de création, comme le sont les campus anglo-saxons». Il a encouragé les universités à constituer des collections d’art, citant, à titre d’exemple, Paris-V et son projet de musée du corps humain. De quoi faire naître une saine émulation avec les FRAC…


 Rafael Pic
15.01.2002