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Politique culturelle

Le musée de l’Homme a-t-il son avenir derrière lui?

Le personnel, en grève depuis le 19 novembre, s’oppose au transfert des collections vers le musée des Arts premiers. Il organise aujourd’hui une manifestation devant l’hôtel Matignon.

Quelle solution au musée de l’Homme ? La situation semble inextricable tant elle est indissolublement liée au devenir de deux grands projets : celui, ardemment défendu par le président de la République, d’un musée des arts premiers au quai Branly et celui d’un musée de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille. Une partie des collections actuellement exposées au musée de l’Homme, place du Trocadéro, devraient en effet le quitter pour être restaurées et cataloguées avant de rejoindre le quai Branly, selon une décision interministérielle du mois de mai 2000. A ce jour, seuls 70 objets ont quitté le musée de l’Homme pour prendre place au pavillon des Sessions du Louvre, préfiguration du musée des Arts premiers. C’est pour empêcher le transfert des milliers d’autres que les employés se sont mis en grève.

Le musée de l’Homme n’est pas sous la tutelle du seul ministère de la Culture, comme le musée des arts premiers. Il dépend également des ministères de l’Education et de l’Environnement, ce qui complique considérablement sa gestion. De plus, il ne constitue qu’une partie d’un ensemble plus large, le Muséum d’histoire naturelle, lui-même en passe de subir une réforme en profondeur. Sur les 26 laboratoires du Muséum, 3 sont installés au musée de l’Homme. Il s’agit de ceux de préhistoire, d’anthropologie, d’ethnologie. Ces laboratoires doivent remplir trois missions : conservation, recherche fondamentale, diffusion des connaissances. Les deux dernières ne peuvent se concevoir sans l’existence d’une collection permanente. C’est là l’argument essentiel du personnel : si les collections partent, cela sous-entend que le musée de l’Homme perd sa vocation première et que sa simple existence est remise en question.

Yves Coppens, ancien directeur du laboratoire d’anthropologie, nous a confié «être prêt à remplir une mission de docteur bons offices. Même si personne ne me l’a demandé à ce jour…». La crise pourrait se résoudre indirectement, par l’évolution du Muséum lui-même, qui est depuis plus de deux ans géré par un administrateur provisoire, Jean-Claude Moreno. Après le renouvellement en décembre 2001 du conseil d’administration et du conseil scientifique, le gouvernement vient de nommer son nouveau président, par décret publié hier aux Journaux Officiels. Il s’agit de Bernard Chevassus-au-Louis, directeur de recherche à l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique) et président du conseil d’administration de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments. Le comité de grève lui a déjà envoyé une lettre en demandant à le rencontrer. La manifestation à laquelle il a appelée part à 15h du métro Solférino pour se diriger vers Matignon. A l’heure où les jardiniers du Muséum, qui demandent la création de nouveaux postes, menacent de keur côté de se mettre en grève illimitée, le gouvernement peut-il faire l’économie d’une mesure d’apaisement ?


 Rafael Pic
16.01.2002