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L’aventure des écritures

Anne-Marie Christin, en compagnie de 55 chercheurs, part sur les traces du signe.

On se souvient de l’exposition L’Aventure des écritures, organisée par la Bibliothèque nationale de France entre 1997 et 1999, à raison d’un volet par an, reprenant successivement Naissance, Matières et formes, La page. Faisant écho à cette série, cet ouvrage propose une approche originale de l’histoire de l’écriture, à partir de celle de l’image, des peintures préhistoriques jusqu’à l’écriture informatique. Du dessin à l’idéogramme, de l’idéogramme au signe syllabique puis alphabétique, il entreprend une analyse évolutionniste des diverses étapes traversées par le signe.

Trois chapitres éclairent cette filiation entre l'image et l’écrit. L’ouvrage débute en nous plongeant dans l’univers des premiers systèmes danubiens. Les écritures pré-alphabétiques ou non-alphabétiques (Mésopotamie, Egypte ancienne, Chine, Japon, Mayas, Aztèques, Asie du Sud-Est…) recouvrent les plus anciens systèmes d’écriture (les caractères cunéiformes, ceux de l’Egypte ancienne…) et les réinventions nouvelles qui ont donné lieu à une adaptation à la langue et à la culture. Parmi les écritures danubiennes, celle de la «Tartaria» roumaine représente un cas peu connu. La découverte de tablettes d’argile inscrites de caractères «magico-religieux» rappelle les textes sumériens et témoigne de signes avant-coureurs de l’écrit dans cette région. Cette découverte conforte l’idée selon laquelle notre système de pensée rationnel découlerait d’une pensée de type magique ou mystique. L’histoire de l’alphabet est entreprise à travers son évolution et sa diffusion sur le pourtour méditerranéen : ce sont là les écritures égéenne, sémitique, arabe, grecque, runique et africaine… L’histoire comparée de l’écriture et de l’image, dans la culture occidentale (des manuscrits byzantins au multimédia en passant par les abécédaires, la typographie ou encore les manuscrits d’écrivains) boucle cette aventure.

L'étude est remarquablement illustrée mais on regrette l'absence d'une chronologie, fort utile pour resituer les systèmes d’écriture dans le temps, ainsi qu’un glossaire pour éclaircir les termes techniques. Chaque auteur a eu la liberté d’aborder la question du point de vue de son choix, en s’attachant à souligner l’importance de la part visuelle dans le système traité. Comme l'explique Anne-Marie Christin, le texte s’articule sur une structure particulière combinant deux types de textes : des articles illustrés, à vocation essentiellement descriptive et historique, et des commentaires d'images majeures qui suffisent à prouver l’importance de la prise visuelle impliquée par l’écriture : «des images à lire autant qu’à voir…»


 Souad Hali
01.02.2002