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Expositions

À l’abordage !

Le musée de la Marine bat pavillon noir pour faire revivre la saga des pirates. Entre crochets et jambes de bois, introduction à l'univers du capitaine Flint et de Barbe Noire.


Pavillon de Jack Rackam
© Musée National de la Marine /P. Dantec
et A. Fux
Le ton est donné dès le départ : cris des mouettes et roulis de vagues accompagnent le visiteur jusqu’au pont du bateau pirate. « J’ai pris le parti de traiter le sujet d’une manière très contemporaine. L’intérêt réside dans la création d’atmosphères à partir d’un lieu donné, autant de métaphores permettant un voyage dans la vie des pirates » explique le scénographe François Payet. Un grand escalier de bois surmonté d’un mât monumental symbolise la descente aux enfers vers le monde des hors-la-loi. Le mythe pirate est ensuite évoqué dans un espace circulaire voilé de rouge. Tout y est, le portrait de Barbe Rouge, personnage imaginé par Jean-Michel Charlier, l’Atlas Miller, document nautique portugais de 1519, un coffre de marine dit de Nuremberg et son système complexe de fermeture. La galerie de portraits, éclairée de hauts lustres, présente des noms aussi célèbres que John Hawkins, pirate et trafiquant d’esclaves et cousin de Francis Drake, Sir Walter Raleigh ou encore Gaspar de Coligny. On ne peut qu’être ému par le Journal de Drake, manuscrit aquarellé conservé à la Bibliothèque Nationale de France. Une escale aux Antilles, sur l’île de la Tortue permet de découvrir un univers de détente illustré par les toiles de Gustave Alaux, la faune environnante : fourmiliers et perroquets, ainsi qu’une évocation du capitaine de la « Paille au cul » dans cet exemplaire du Boucan de cochon de 1728.


Jambe de bois
© Musée de
l'Assistance Publique,
Paris
Pourquoi les marins basculent-ils dans la piraterie ? Peut-être à cause d'un fouet nommé «chat à quatre queues», élément principal de la discipline sur les bâtiments de la Marine. Dans cet espace, encombré de caisses et de cordages, le visiteur s'initie à la geste des pirates : les réparations des bateaux, le calcul de la durée d’un abordage grâce aux sabliers, la symbolique du crâne et des tibias croisés sur le pavillon noir. La projection du film d’Albert Parker, Le Pirate noir de 1926 témoigne de l’importance du cinéma dans la mise en place d'un modèle : le pirate devient propre, respectueux, s'adapte même au sexe féminin : La fille du boucanier de Frédéric de Cordova ou Capitaine Blood de Michael Curtis. Enfin, au bout de la course, le trésor. D’un côté une accumulation de dorures kitsch. De l’autre une poussière d’or retrouvée en Caroline du Sud en 1996, dans les cales du bateau de Barbe Noire, pirate du 18e siècle.


N.C. Wyeth, Westward HoFarnsworth Art
museum Chadds Ford Pa, USA
L’exposition ne s’arrête pas là ! En revenant sur ses pas, le visiteur se familiaries avec la panoplie indispensable à tout bon pirate. Si les armes blanches sont impressionnantes, le matériel de chirurgie révèle un monde impitoyable, crochet, bras et jambes artificiels, scies et couteaux d'amputation. Une seringue, découverte sur le bateau de Barbe Noire, aurait contenu un liquide capable de guérir les maladies vénériennes. Les éléments incontournables de la littérature brille dans l'obscurité d'une bibliothèque consacrée aux récits de voyages : Les boucaniers d’Amérique d’Oexmelin, chirurgien de la Flibuste, les écrits d’un certain Capitaine Jonhnson, pseudonyme de Daniel Defoe, le faux manuscrit de « Borgnefesse » mais également les études d’Hugo Pratt et une gouache de Michel Faure. En conclusion, l'exposition fête à sa manière les 20 ans de Disney en présentant costumes et affiches du Capitaine Crochet. Dans cette salle, le conservateur Virginie Serna met l'accent sur « l’un des grand moment de cette exposition : un panneau peint par Edward Ardizzone sur le thème de l’île au trésor, retrouvé dans la salle de jeu d’un paquebot de 1930 ».


 Stéphanie Magalhaes
16.01.2002