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Anri Sala

Anri Sala filme un zoo sans animaux

Le jeune artiste albanais fait partie de la sélection française pour la prochaine Biennale de São Paulo. Il ausculte les confins de la ville avec la vidéo.

Quel est votre lien avec l'Albanie ?
Anri Sala.
Je suis né en 1974 à Tirana, où j’ai grandi. Depuis cinq ans, je vis et je travaille en France. J’y suis retourné l'année dernière pour tourner Arena.

Parlez-nous d'Arena.
Anri Sala.
Arena est une vidéo de 5 minutes. Elle a été tournée au zoo de Tirana en 2001. C’est une rencontre entre l’espace d‘avant et celui d’après, entre un morceau de nature et l’élément urbain. Avant, les installations étaient beaucoup plus grandes. Le zoo possédait tous les animaux emblématiques des Balkans. Il y avait le loup, l’ours, le renard et, bien sûr, l’aigle. Après la chute du communisme, il y a eu, dans les années 1990, une volonté d’ouverture. Les responsables ont fait acheter d’autres animaux, que nous n’avions jamais vus en Albanie : un lion, un lama, un tigre.


Anri Sala, extrait de la vidéo Arena
Le zoo a disparu ?
Anri Sala.
Aujourd’hui plus personne ne va au zoo. En 1997, le système financier dit pyramidal – c’est-à-dire ce système d’enrichissement artificiel où les placements rapportaient de très forts taux d’intérêt - s’est effondré. Les gens ont été ruinés du jour au lendemain. Il y a eu une explosion de violence, les dépôts d’armes ont été pillés. Le zoo s’est lui aussi «effondré». Les bêtes ont été volées ou tuées. Aujourd’hui, tous les animaux sont réunis dans un pavillon. Il n’en reste qu’une dizaine… Et la ville avance, empiète inexorablement sur l’espace du zoo.

Ce zoo, c'est une parabole ?
Anri Sala.
Ce qui m’intéresse, c’est la frontière mouvante entre la ville et la nature. Je n’ai pas filmé les animaux mais simplement les couloirs, où l’on sent leur présence, avec un mouvement de la caméra à 360°. En février et mars 2002, je suis en résidence à São Paulo pour faire un autre travail, dans le parc d’Ibirapuera, sur la même problématique. Il sera également montré à la Biennale.


 Rafael Pic
20.02.2002