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Patrimoine

Cœur Défense, © Agence Jean-Paul Viguier


Inauguration annulée pour les nouvelles tours de la Défense

Après les événements tragiques survenus aux Etats-Unis, l’inauguration du projet Cœur Défense, prévue pour aujourd'hui, est reportée sine die. Nous avons recueilli les propos de l'architecte, Jean-Paul Viguier, également auteur du siège de France 2 - France 3 et de l'aménagement récent du pont du Gard.

Ce projet qui se situe au centre du quartier d’affaires de Paris à l’emplacement même de l’ancien siège Esso forme le plus grand ensemble immobilier de bureaux d’Europe. La silhouette arrondie des tours jumelles parisiennes, décalées l’une par rapport à l’autre, marque l’esplanade d’un nouveau symbole. Cette construction est classée dans la catégorie des “tours”, selon la règle d’élancement égale à 7 (161 mètres de haut par 23 mètres de large). Sans commune mesure avec les sœurs jumelles de Yamasaki à New York construites entre 1966 et 1973, elles posent tout comme les autres immeubles de grande hauteur la question de la stabilité structurelle de son architecture face à des sollicitations extérieures extraordinaires.

« Aucune tour au monde n’est prévue pour résister à des chocs frontaux d’engins volants ou de missiles » affirme Jean-Paul Viguier, architecte du projet Cœur Défense. Les tours de New York de 411 m de haut étaient entièrement conçues en acier (structure, planchers, façades) et étaient prévues pour résister à l’épreuve du feu, des vents puissants et aux poussées sismiques. Le projet Cœur Défense (161 mètres de haut pour 40 niveaux de plancher, soit moins de la moitié de planchers que le World Trade Center, pour 200 000 mètres carrés de bureaux) est entièrement réalisé selon un procédé innovant en béton armé de haute résistance. « Le béton armé a un meilleur comportement au feu que les structures acier, même enrobées. Ce n’est pas le choc qui a provoqué l’effondrement des tours de New York, mais la fragilisation même de la structure en acier due à un réchauffement soudain combinée à un effet de levier » poursuit Jean-Paul Viguier. Déjà en décembre 1999, pendant la tempête, le bâtiment parisien en cours de montage avait résisté à des poussées du vent atteignant près de 200 km/h. Un contreventement en forme de Z en plan assure la stabilité des deux barres, sans lequel les tours ne seraient pas stables compte tenu de leurs proportions.


 Rafaël Magrou
13.09.2001