Accueil > Le Quotidien des Arts > Tefaf Maastricht n’a pas vacillé

Marché

Michelangelo Buonarotti, Étude de femme affligée, sur le stand de Jean-Luc Baroni Limited


Tefaf Maastricht n'a pas vacillé

La grande foire néerlandaise, qui a fermé ses portes le 17 mars, a été marquée par de belles ventes et par une fréquentation satisfaisante. Mais l’on attend encore le retour des Américains.

A l’heure des comptes, les dépêches ont exalté «la place de leader mondial dans le marché de l’art» de Tefaf Maastricht. Pour l’édition 2002, un jour de plus avait été octroyé aux visiteurs, qui ont été 75 000, un peu plus que l’an dernier. Parmi les belles ventes enregistrées, on cite en premier lieu le dessin de Michel-Ange, Etude de femme affligée, cédé par Jean-Luc Baroni à un collectionneur américain pour 8 millions d’euros, des maîtres flamands et hollandais chez Bernheimer ou Noortman, une Vierge à l’Enfant avec des anges de Lorenzo di Giovanni Pace chez le londonien Richard Philp ou une série d’émaux limousins du 16e siècle chez Jan Dirven. En revanche, la Minerve de Rembrandt, achetée l’an dernier puis nettoyée par le new-yorkais Otto Nauman, n’a pas trouvé preneur, au prix il est vrai astronomique de 40 millions de dollars.

Les marchands français se montrent, dans l’ensemble, satisfaits. Pierre Levy a vendu la Cour de la mère Lucia de Pissarro et Blondeel-Deroyan une grande tapisserie du 16e siècle. Mais les appréciations sont plus nuancées que le communiqué officiel. «Nous avons senti que le marché avait moins de potentiel parmi les acheteurs de haut niveau, souligne Jacques de La Béraudière. Nous n’avons pas vu de grands collectionneurs et beaucoup moins d’acheteurs américains que les années passées. En revanche, une chose m’a surpris, c’est la présence de nombreux Espagnols. Je n’en ai jamais vu autant.» Pour Patrick Perrin, il s’est agi d’une belle édition, même si les résultats n’ont pas été au niveau de 2000 et 2001. «Cette foire est dure pour ma spécialité. Le public hollandais est beaucoup moins sensible au mobilier 18e siècle qu’à l’argenterie ou à la Haute Epoque. Pour vous donner un exemple, un bon Maastricht représente pour moi 10 millions de francs de chiffre d’affaires tandis qu’une bonne Biennale, qui reste inégalable en termes de goût, peut aller jusqu’à 50 millions de francs. Nous avons en effet vu peu d’Américains. Au plan de la fréquentation, je trouve que Maastricht est victime de son succès. La publicité de l’événement est tellement bien faite qu’il y a trop de monde, trop de visiteurs qui ne sont pas intéressés.»

Pour Gilles Bresset, ce cru a été meilleur que celui de l’an dernier. «Il est cependant inférieur à l’exceptionnelle année 2000. J’ai remarqué beaucoup de ventes courantes. Comme c’est la tradition, je suis actuellement en négociation pour des pièces importantes, en particulier deux sculptures gothiques.» Jean-François Heim a noté «peu de clients français. Mais, comme s’il fallait une exception à la règle, dans son cas, ce sont les tableaux moyens qui ont été plus difficiles à écouler. Les musées ont constitué une clientèle essentielle avec deux ventes à des institutions américaines, à Washington et Chicago. «Je suis impressionné par l’autonomie de décision des représentants des musées américains pour des achats jusqu’à 100 000 dollars, voire au-delà. Je suis aussi en négociation avec le Prado pour quatre tableaux de Flippart, qui constituent les projets des tables en pierres dures réalisées à Madrid au 18e siècle.»


 Rafael Pic
22.03.2002