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Expositions

Les giboulées de l'amour et du printemps

C’est le printemps à la galerie Patrick Seguin : Barcelò, Hirst ou Fischli y sonnent le réveil de l'art et de la chair.


Eric Fischl, The Bed, the Chair,
Projection
, 2001, huile sur
toile, 182,8 x 228,6 cm
Le printemps et Paris stimulent nos émotions et celles des artistes. Une saison qui éveille l’amour dans une ville qui éveille elle aussi l’amour dans notre imaginaire collectif. L’amour est synonyme de printemps, comme Paris l’est de l’art. Les artistes internationaux présentés dans cette exposition ont libéré leurs sensations, chacun dans une voie particulière dans la spacieuse galerie Patrick Seguin, créée en 1989. Mais comme au mois de mars, il y a des giboulées : soleil ou pluie, pluie ou soleil… Chaque perception artistique est floue, ralentie, fragmentée, accélérée, décalée, attractive ou répulsive : les quelques grands noms de la peinture contemporaine, Miguel Barcelo, Eric Fischl, Peter Halley, Damien Hirst, Alex Katz, Mike Kelley, David Salle, Philip Taaff ou Andy Warhol, «battent tous leur propre tempo pictural» au rythme d’un printemps troublant… comme un certain Dernier métro à Paris.

Un projecteur de diapositives cache en partie les ébats d’un couple, à l’arrière-plan. Scène en direct live ou extrait d’un slide-show érotique ? Intrigante cette toile d’Eric Fischl, d’autant plus qu’un gobelet et une cigarette qui se consume au premier plan, semblent désigner la place du spectateur, une place d’où il n’y a rien à voir ! Voyeurisme, quand tu nous tiens… Barcelò joue les impudents avec ses méduses voluptueuses aux formes et aux couleurs nébuleuses, impatientes de séduire le visiteur. Salle nous donne une version baroque d’un étrange rendez-vous au bord de l’eau avec, en images incrustées, un costume d’Arlequin et un soutien-gorge noir, comme suspendu au paysage montagneux : coquin ! Kelley est carrément Glam’rock avec son patchwork monumental saturé d’arabesques de pacotille qui scintillent de mille feux pour attirer les belles. Le Blizzard de Katz est énigmatique : presque monochrome, encore hivernal et suintant pourtant en surface les débuts de l’amour grâce à la lumière… très charnelle. Damien Hirst, quant à lui, nous en met plein les oreilles avec son installation bourdonnante, très minimaliste ou très Pop Art. Ou les deux, finalement…


 Muriel Carbonnet
13.04.2002