Accueil > Le Quotidien des Arts > Tel-Aviv : enchères sous haute surveillance

Marché

Moïse Kisling, Mimosas, huile sur toile, 54 x 38 cm. Estimation : 80 / 120 000 $
© ADAGP


Haggada de Nuremberg (Allemagne, avant 1449, estimée 600 000 $, vendue 1 017 750 $ en avril 2001)


Tel-Aviv : enchères sous haute surveillance

Sotheby’s organise le 7 avril sa grande vente semestrielle d’art juif. A l’heure où le marché israélien pâtit de la situation tendue, le téléphone devient un outil essentiel.

Sotheby’s a ouvert sa filiale israélienne en 1984 et y a organisé sa première vente en 1985. Aujourd’hui, l’équipe est composée d’une dizaine de personnes et organise en moyenne quatre ventes par an. Deux sont consacrées à la Judaica, dont Tel-Aviv est devenue, par la force des choses, l’une des premières places au monde, et deux à l’art juif et européen des 19e et 20e siècles. Le chiffre d’affaires de Sotheby’s en Israel fluctue entre 6 et 12 millions de dollars par an. Le record pour une vente dans le pays est d’ailleurs le fait de l’auctioneer avec un tableau de Chagall, Retour de la synagogue, de 1925, acquis en 1993 par un collectionneur étranger pour 1,6 millions de dollars. «Les objets peuvent sortir librement du pays s’ils sont postérieurs à 1700, explique Frances Barrow, directrice de la communication. Pour les pièces plus anciennes, la direction des Antiquités peut s’y opposer. Cela a notamment été le cas en avril 2001 pour une Haggadah du 15e siècle, qui a atteint un million de dollars et que l’acheteur a donnée au musée d’Israel.»

Le marché des enchères est représenté par les deux maisons historiques - mais Christie's se limite d'ordinaire à une vente annuelle - et par quelques établissements locaux comme Tiroche, Matsa ou Ben Ami. Tous ont renforcé les mesures de sécurité au vu des événements en cours. «Nous avons toujours des gardes lors des expositions et nous utilisons désormais un détecteur de métaux. Notre clientèle à cette époque de l’année comprend des touristes et des visiteurs venus pour la Pâque juive. Elle est bien sûr moins nombreuse que les années précédentes. Mais nous avons aussi parmi les acheteurs des Arabes israéliens ou des ressortissants de pays arabes». Conséquence logique de la tension actuelle, les ordres par téléphone, qui représentent traditionnellement une part importante des ventes, pourraient en constituer une moitié. Parmi les lots proposés, consacrés à l’Ecole de Paris, figurent des œuvres de Pascin, Chana Orloff ou Kikoine. Un tableau de Moïse Kisling, Mimosas, devrait signer la plus haute enchère. Il est estimé entre 80 000 et 120 000 dollars.


 Rafael Pic
06.04.2002