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Marché

Dreesmann, roi des collectionneurs de Hollande

Christie’s attend 24 millions d’euros de la dispersion des quelque 1300 lots réunis par l'homme d'affaires Anton Dreesmann.


Hendrick Avercamp (1585-1634),
Patineurs sur glace, huile
sur panneau, 30 x 44 cm
Estimation : 600 / 800 000 £
Dans la famille Dreesmann, le dicton «tel père tel fils» semble se vérifier… Petit-fils d’un immigrant allemand co-fondateur de la principale chaîne de grands magasins hollandais, Vroom & Dreesmann, Anton Dreesmann (1924-2000) est également le fils d’un collectionneur passionné dont les œuvres rapportèrent 1 million £ lors de leur mise en vente, en 1960 à Amsterdam. Du premier, il a conservé le sens de l’entreprise, lui qui a créé Vendex International, un groupe hollandais spécialisé dans la distribution non alimentaire. Du second, il a hérité du goût des belles œuvres…

Dès les années 1950, Anton Dreesmann commence une collection. Il se fournit d’abord auprès des marchands implantés à Amsterdam qui conseillaient déjà son père : Staal et son fils Charley pour le mobilier et Dowes & Cramer pour les peintures. Très vite, il abandonne pourtant ces intermédiaires et participe directement aux enchères. C’est ainsi qu’il amasse plus d’un millier d’œuvres en tous genres, en quarante ans. L'homme d'affaires semble moins guidé par l’appât du gain que par celui de la connaissance. Pour tous les objets qu’il acquiert, il constitue une documentation aussi complète que possible. Et loin de toute spéculation, il les conserve précieusement, ne se résignant qu’à vendre cinq toiles et, il y a deux ans, un ensemble de monnaies anciennes et modernes.


Jean-Pierre Latz, Table
à la Bourgogne

Estimation : 250 / 400 000 £
C’est la quasi-totalité de ces œuvres que ses héritiers mettent en vente cette semaine, dispersant ce que Dreesmann se plaisait à comparer à un costume sur mesure, qui ne saurait être porté par une autre personne sans que le pantalon ne soit trop court ou que la veste ne tombe mal… Les lots, estimés à 24 millions d’euros seront vendus au cours de cinq ventes. Les quatre premières se dérouleront à Londres pendant les trois jours à venir. La dernière se tiendra le 16 avril à Amsterdam. Passeront ainsi sous le marteau des tableaux impressionnistes et modernes comme le Tas de pierres de Seurat (600 000 £) ou Au bois de Boulogne de Kees van Dongen (400 000 £). Demain viendront les meubles européens dont une très belle table de Jean-Pierre Latz à la marqueterie d’amarante et de bois de tulipier (250 000 £) qui figurait à l'inventaire du château de Sceaux réalisé en 1793, à la mort du duc de Penthièvre. Le 11, ce sera au tour des peintures et dessins des 17e et 18e siècle comme les Patineurs sur glace d’Hendrich Avercamp (600 000 £) ou une Nature morte de déjeuner de Willem Claesz (200 000 £) et des objets de curiosité. Le 16, enfin, la vente hollandaise comportera une centaine de lots d’argenterie, de vues topographiques ou de céramiques de Delft.


 Zoé Blumenfeld
09.04.2002