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Expositions

Louis XIII avait bon goût

Les Galeries nationales du Grand Palais étudient en profondeur les arts décoratifs sous le règne de Louis XIII et Anne d’Autriche. Une reconnaissance méritée après des siècles d'oubli.


Atelier du Louvre, d'après Simon
Vouet, Histoire de l'Ancien
Testament
Paris, entre
1630 et 1650
© Paris, Musée du Louvre
Fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, Louis XIII (1601-1643) ne commence son règne qu’en 1614, après la Régence de sa mère. Autour du jeune roi, plusieurs personnages participent à la gestion du territoire : son épouse Anne d’Autriche, son frère Gaston d’Orléans et son Premier ministre, le Cardinal Richelieu. Malgré la Guerre de Trente ans (1618-1648) et les épisodes de la Fronde (1648-1653), la vie intellectuelle et artistique propère. Si on connaissait déjà le rôle joué par Richelieu et Marie de Médicis dans le développement des arts en France, on découvre l’attrait d’Anne d’Autriche pour l’orfèvrerie, la passion du souverain pour l’horlogerie et le goût de Gaston d’Orléans pour les curiosités. L’exposition explore tous les domaines, du mobilier aux panneaux décoratifs en passant par l'horlogerie, le textile et la céramique. La première partie du parcours présente des pièces classées par catégories techniques. Pour Richelieu, «L’opulence des meubles est d’autant nécessaire, que les étrangers ne conçoivent la grandeur des Princes, que par ce qui en paraît à l’extérieur». Les deux premiers tiers du siècle voient ainsi s’affirmer le besoin de concevoir un style personnel annonçant déjà la naissance du «grand goût» selon les termes d’Abraham Bosse.


Coffret, Paris, première moitié du
17e siècle
© Collection particulière
Outre l’aspect esthétique, les œuvres exposées permettent de faire le point sur les différentes sources d’inspiration. De 1600 à 1630, la Renaissance tardive et les motifs italianisants marquent encore les esprits comme en témoignent ces faïences de Nevers décorées de scènes mythologiques ou bibliques comparables à la faïence a raffaellesche d’Urbino. Nevers acquiert sa réputation dans le travail de la céramique mais aussi du verre, après l’arrivée d’artistes italiens. Un plat en verre cristallo soufflé et décoré à la pointe de diamant, destiné à Gaston d’Orléans, témoigne d'une parfaite maîtrise. Les tapisseries se multiplient au 17e siècle, avec l’ouverture de nombreux ateliers dont celui du Louvre. De la même manière, elles ornent une grande partie des murs de l’exposition. On perçoit une influence de l’Ecole de Fontainebleau dans les motifs des bordures : armoiries, putti, cornes d’abondance encadrent des scènes souvent à l’antique. Avant de diffuser l’art français à l’étranger, la gravure met des modèles à la disposition des artistes. Le plat ovale en terre vernissée de l’atelier de Fontainebleau, représentant Henri IV et sa famille, est inspiré d’un burin de Léonard Gaultier d’après un tableau de François Quesnel. Les nombreux projets de plafonds ou autres décors intérieurs du frère Martellange laissent deviner des influences flamandes dans le goût pour les motifs naturalistes. Ainsi apparaît la cosse de pois, élément végétal qui orne des pièces comme ce bénitier à encadrement (1637-38), en argent découpé et ciselé de François Roberday.

Au-delà de ces informations techniques et historiques, l’exposition rend compte de la diversité des matériaux utilisés. La présence de nombreux cabinets d’ébène témoigne du développement de cette technique introduite en France par Henri IV. Autant décorés à l’intérieur qu’à l’extérieur, ces meubles d’apparat présentent des motifs sculptés inspirés de récits mythologiques comme Les Métamorphosesd’Ovide, des décors floraux ciselés sur les vantaux extérieurs, des jeux de miroirs et de marqueterie à l’intérieur. Le travail de l’ivoire, peu connu pour cette période, reste attaché au nom de Gérard Van Opstal. Appelé en France par Richelieu, l’artiste belge acquiert rapidement sa renommée comme en témoigne cette chope en ivoire et argent doré, au décor de Silène ivre, achetée par Louis XIV. Pierre Delabarre, maître orfèvre à Paris, rivalise de virtuosité dans le traitement des pierres précieuses. Ornées de rubis, de diamants, d’émeraudes et d’opales, les deux aiguières présentées surprennent par la finesse de leur travail. Dans un tout autre domaine, celui des armes, il est intéressant de noter que le raffinement reste de mise à l’image de ce fusil à silex, au manche finement décoré, réalisé par François Le Couvreux ou de cette armure de Louis XIII parsemée de fleurs de lys dorées. L’exposition évoque la répartition des pièces dans les demeures royales : antichambre, chambre et les différents cabinets. Le mystère demeure autour de certaines boiseries décoratives comme ces 35 panneaux octogonaux illustrant Les métamorphoses d’Ovide. Quel en était l'artiste? Et pour quel lieu?


 Stéphanie Magalhaes
11.04.2002