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Jours du monde

Au croisement des Goncourt, d’Amiel et de Michel Butel, lunetoil.net invente un nouveau style de journal intime.


Le principe est simple : chaque jour, une image et un texte. Mais pas n’importe quelle image ni n’importe quel texte. L’image est due à un photographe connu – pour 2002, c’est Xavier Lambours, de l’agence Métis. Le texte est l’œuvre de Patrick Morelli, vétéran du théâtre, explorateur des pistes du multimédia – ce qui lui a valu quelques prix dans des manifestations internationales - et âme du site. Comment faire coïncider les deux ? Cela n’a pas tant d’importance. Lorsqu’il reçoit la photographie, Patrick Morelli l’interprète à sa façon. Voyez par exemple à la date du 11 septembre 2001. Cette année-là officie sur lunetoil le photographe Arnaud Baumann (après Alain Longuet en 1999 et Marie-Paule Nègre en 2000). Il met son téléviseur – braqué sur les tours fumantes - dans les flammes. Et Morelli écrit : «Le monde quiet se fissure il brûle il saigne il feule / Le spectre de la guerre porte un nouveau linceul / La mort en perspective sous le grand chapiteau» Mais le photographe peut aussi bien envoyer l’image d’une inconnue dans la rue, d’une fête d’anniversaire, d’un reflet dans un verre à pied, d’un entracte à l’Odéon. Et chaque fois Morelli de composer sa légende… qui comprend aussi un versant intime. On se souvient d’un littérateur qui haïssait les dimanches. Le 22 octobre 2000, Morelli propose sa version : «C’est le jour / Putain d’dimanche / Il vous sonne les cloches le matin / Vous laisse le soir au désespoir».

Dans ce type de projet, que peut exiger l’usager ? Que l’image ne soit pas réduite au statut d’un timbre-poste des colonies, minuscule et obscurci par le tampon de l’administration. Que le texte soit lisible. Et que le passage d’une page à l’autre s’effectue rapidement, surtout si l’on entend explorer les archives qui remontent au 1er janvier 1999. L’essai est concluant, avec des images «légères», de vingt-sept kilo-octets. Et remporte un succès, modeste à son échelle, mais continu : plus de deux mille pages vues par jour et cinq mille visiteurs uniques par mois. Des chiffres qui devraient connaître une inflation significative : François Hébel, le directeur des Rencontres photographiques d’Arles 2002, qui ouvrent en juillet, y a en effet convié lunetoil. L’histoire ne repasse pas les plats, nous dit-on. Pourtant, en s’attardant sur le 1er janvier 2002, on a comme une impression de déjà vu : «Ariel est amer / De ne pas avoir «liquidé» / Yasser» Ce n’est pas une prise de position personnelle de Patrick Morelli mais le fruit d’une revue de presse attentive, jusque dans les colonnes du journal «Maariv». Dans les prochaines années, Patrick Morelli voudrait que ses photographes lui envoient des images du vaste monde. Il pense aussi doter son site de la voix. Est-ce vraiment utile ? Tel qu’il est présenté, le quotidien y est déjà très parlant…

Evaluation
Design :
Contenu :
Ergonomie :
Animations :



 Rafael Pic
15.04.2002