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Marché

Aux origines de la photographie américaine

Avec sa vente new-yorkaise, Sotheby's connaîtra-il le même succès qu'avec la collection Jammes ?


Ansel Adams (1902-1984),
Monolithe, Hiver, Yosemite,
signé, 20,3 x 14,9 cm
Estimation : 20 / 30 000 $
Moins d’un mois après avoir fait vibrer Paris avec la collection Jammes et ses clichés signés Niépce, Le Gray, Nègre ou Baldus, Sotheby’s tient à New-York une grande vente consacrée aux débuts de la photographie américaine. Parmi les portraits mondains pris par Edward Steichen pour les publications de Condé Nast (estimés à 20 000 $ chacun), les photographies pictorialistes d’Edward Weston, dont la singulière Main d’Amado Galvan, Tonala, un potier rencontré au Mexique (20 000 $), ou les images indiennes d’Edward S. Curtis, dont l’émouvant tirage de Vash gon. Jicarilla envoyé à Le Gray en 1904 en guise d’invitation à son exposition (8 000 $), une large place est faite aux icônes de la photographie réaliste et sociale. Parmi celles-ci figurent des vues new-yorkaises de Berenice Abbott, la Fillette employée dans une manufacture de coton en Caroline saisie par Lewis Hine lorsqu’il travaillait à dénoncer le travail des enfants pour le National Child Labour Committee (15 000 $) ou la Femme de migrants, Californie de Dorothea Lange (15 000 $). Comme l’indique la présence d’une main agrippée à un tronc en bas à droite, il s’agit là d’un tirage d’après le premier état du négatif de la célèbre photographie, le pouce ne figurant pas sur les versions postérieures à 1939.


Manuel Alvarez Bravo (né en 1902),
Muchacha viendo pajaros,
signé, 16,5 x 23,8 cm
Estimation : 30 / 50 000 $
Deux autres ensembles se dégagent de ce catalogue, constitués à l’occasion de la célébration du centième anniversaire de la naissance des artistes : Manuel Alvarez Bravo et Ansel Adams. Du premier, récemment célébré dans une rétrospective au Getty Museum, Sotheby’s propose une dizaine de photographies issues de la collection de Fernando Gamboa, l’un des principaux historiens d’art de son pays, le Mexique. On y trouve des images saisies pendant le séjour de 1936 à Chicago (Trabajadores en un parque de Chicago, 20 000 $) ainsi que des portraits pris en Amérique centrale, dont la Sieste des vagabonds, annotée au revers d’un prix, $ 25.00, qui pourrait aujourd’hui atteindre 30 000 $. Plus exceptionnel encore est l’ensemble de trente-deux vues du Yosemite prises par Ansel Adams et tirées dans les années 1930. La plupart des négatifs et des tirages anciens de ces photographies ont en effet disparu lors de l’incendie survenu dans son atelier en 1937. Mises en vente par un collectionneur privé d’Oakland auquel Adams les avait offert en signe d’amitié et dans l’espoir qu’il puisse promouvoir son travail, ces photographies de petit format, dont le célèbre Monolithe, sont proposées entre 2 000 $ et 20 000 $.


 Zoé Blumenfeld
17.04.2002