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Beaubourg dissèque la création numérique

Pour la deuxième édition des Rencontres internationales du design interactif, l'association Numer organise des conférences et des spectacles.


© Numer.02
Pourquoi avoir créé l’association Numer ?
Pierre Lavoie, président fondateur de Numer
L’histoire de Numer est celle d’Hyptique, le studio de création multimédia que je dirige. C’est une démarche de réflexion sur toutes les questions que nous nous posons dans notre métier. Lorsqu’on travaille sur des objets de nature interactive, que ce soit des jeux ou, à l’autre bout du spectre, des logiciels d’application, on doit créer une matière interactive. Il y a là un acte de design qui doit constituer un compromis entre la forme et la fonction. Mais cette discipline est trop jeune, elle n’a pas de repères. On dispose de siècles d’histoire de l’art pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui dans la création contemporaine mais on n’a rien de semblable pour parler du design interactif.

Quelles sont les évolutions par rapport à l’édition précédente ?
Pierre Lavoie.
En l’an 2000, il n’y avait que des conférences, des rencontres entre une trentaine d’intervenants, chercheurs et créateurs, de manière à inciter les premiers à connaître les pratiques et à inviter les seconds à s’interroger sur leur travail. Cette année, nous restons dans cette lignée qui fait la richesse de l’évènement mais nous élargissons le champ. Il y aura bien sûr les rencontres, trois journées de conférences pendant lesquelles une quarantaine de personnes s’interrogeront sur le futur. Car, se demander ce que sera notre métier dans dix ans, c’est aussi établir les principes fondamentaux de notre travail d’aujourd’hui. Pour tous les intervenants étrangers, les conférences seront traduites. L’ensemble est donc accessible à tous ceux qui se posent ces questions, pas uniquement aux professionnels.

Et à part ces conférences ?
Pierre Lavoie.
Nous organisons deux évènements périphériques qui peuvent intéresser le tout venant. Le 19 au soir, à l’IRCAM, quatre artistes présenteront des œuvres images et sons qu’ils créeront en temps réels sur des instruments dont ils sont les designers. Il y aura par exemple une improvisation de Servovalve, primé l’an dernier par la SCAM, et Jean-Luc Lamarque avec l’instrument multimédia pianographique dont il jouera avec deux autres interprètes venus de Lucerne et Boston. Le samedi 20, ce sera le Zapping : 30 créateurs disposeront de 5 minutes pour montrer leur travail et «nous en mettre plein les mirettes».

Quels sont vos projets pour les années à venir ?
Pierre Lavoie
. Notre premier projet, c’est de rester présents dans le temps : pérenniser l’association et alimenter notre site Internet avec les découvertes que nous faisons au jour le jour. Le second, nous sommes actuellement en train de le mettre en œuvre, il s’agit de publier les textes des intervenants de Numer.00 et Numer.02 pour fonder un état des lieux du design interactif. À plus long terme, nous voulons fonder une école qui formerait aux différents métiers de l’interaction sous un même toit. Car jusqu’ici, ces métiers sont mal identifiés et les informations ne circulent pas. Ce projet-là est dans la droite ligne de notre effort d’exploration, de formalisation…


 Zoé Blumenfeld
19.04.2002