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Expositions

Philippe Pasqua, quand l’âme rencontre l’éternité

Sur les cimaises du Palais Bénédictine de Fécamp, les portraits et autoportraits de l'artiste retrouvent toute leur expressivité.


Philippe Pasqua, Les miroirs de
l’âme
, Palais Bénédictine
© ADAGP
Au cœur de Fécamp, dans les derniers étages de l’aile droite du Palais Bénédictine, les anciennes salles ont été transformées en un vaste espace de 400 mètres carrés. Installés ici, les portraits de Philippe Pasqua prennent toute leur dimension émotionnelle et expressionniste. Philippe Pasqua n’en finit pas d’explorer la chair sur de grands formats, impressionnants. Ces œuvres ne sont pas de celles qu’on regarde distraitement et que l’on oublie l’instant d’après. L’artiste nous livre sa vision instinctive et abrupte de ce que l'on pourrait appeler l'expressivité du corps humain, du visage et de ses multiples facettes, car c'est pour lui la manière la plus directe de nous transmettre son regard et ses émotions.
Ses images sont-elles belles comme l'est la vie ? Elles le sont si l’on prend en compte ses imprévus, ses contrastes, ses contradictions et aussi l'affirmation de soi dans son contraire qu'est la décadence et la mort. Philippe Pasqua inscrit ses interrogations étonnées au plus profond de la matière, dans un chaos chromatique où la nuit remue et se retire, laissant place à une cruauté ou une douceur sensibles, sensuelles voire réalistes. Pasqua ne triche pas : «Dix ans pour définir le portrait. Dix ans autour de nos têtes, du bébé à Marilyn, de l’ovale adolescent et féminin à la tête réduite, bouche cousue et bâtonnée».

Sans doute l’émotion vient-elle de ce que l’artiste ne cesse de ressentir, avec une extrême intensité, la réduction de l’humain à sa forme la plus élémentaire : visage, masque, tête, crâne et âme. L’âme est mise à nue, la vanité transcendée derrière les mascarades, derrière les séries sanglantes, les faces fantomatiques. Sous les voûtes du Palais Bénédictine, des ombres pourraient apparaître, se larvant de toiles en toiles. «Je suis cela» semblent évoquer les trois Marilyn : la sophistiquée, la masquée, la métaphorique. Son enveloppe charnelle n’est jamais définitive. Une juste synthèse de ce qu’elle était, représentait et est devenue, de que nous sommes, paraissons et deviendrons ! Philippe Pasqua fait vibrer ces portraits et autoportraits expressionnistes, parfois crus ou mutins, au diapason de l’indicible en leur restituant leur silence d’origine.


 Muriel Carbonnet
21.05.2002