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Marché

Patrick-Gilles Persin
© Photo: Françoise Monnin

La crise des salons d'artistes continue

La nouvelle édition du Salon Grands et jeunes d'aujourd'hui souligne les difficultés rencontrées par ce type d'événements. Entretien avec son président, Patrick Gilles Persin.

«Les salons sont la courroie de transmission. Au vernissage de Grands et jeunes d'aujourd'hui, on ne comptait pas moins de trente marchands d'art, venus repérer des artistes de province ou de l'étranger». Fidèle au poste depuis 1991 (date à laquelle il a été nommé président de cette institution), le critique d'art Patrick Gilles Persin veut être positif. Durant ces dernières années, il a présidé la Fédération des salons d'artistes et, à ce titre, a régulièrement rencontré les ministres de la culture Catherine Trautmann et Catherine Tasca. «Toutes deux m'ont affirmé qu'elles ne mettraient jamais les pieds dans ce type de salon». Avec d'autres, il a mis au point la proposition qui consistait à transformer, au Grand Palais, les anciens locaux de l'université en une nef, réservée aux salons d'artistes. Sans succès.

«C'est vrai», convient-il, il y a beaucoup de salons. Un peu trop. Celui de Mai, celui de la Jeune création, Mac 2000 et Réalités nouvelles sont peut-être, avec Grands et jeunes d'aujourd'hui, les plus intéressants». Depuis la fermeture du Grand Palais, les uns comme les autres ont vu leurs subventions augmenter. Charge à eux, désormais, de se trouver un abri ! La chose n'est pas simple, à Paris. le Pavillon d'Auteuil est correct, mais menacé par une association de riverains soucieuse de transformer l'endroit en jardin. Son calendrier est chargé. Pour exister cette année, Grands et jeunes d'aujourd'hui a dû accepter de modifier ses dates et de se jumeler avec Réalités nouvelles.


Christoforou
Photo: Françoise Monnin
© Adagp
Résultat ? La fréquentation de l'événement est minime. «Cinquante entrées payantes par jour. Le loyer coûte, à lui seul, pour le local nu, 50 000 euros. Il faut aussi imprimer le catalogue, aménager l'espace, faire de l'information… Le budget d'un salon, c'est, à présent, 150 000 euros pour 250 exposants. D'après le ministère, il suffit d'augmenter leurs cotisations et il n'y a plus de problèmes. Actuellement, je demande à chaque artiste 150 euros. Pour certains, c'est déjà un effort». Alors, Patrick Gilles Persin bouge, fédère ses amis ambassadeurs, montre son salon 2002 dans la ville d'Avallon (l'été prochain) et fait tourner le cru 2000 dans le monde entier, grâce à une aide octroyée par le Comité de la Coupe du Monde de Football.

Reste le Salon Grands et jeunes d'aujourd'hui, fidèle à son image, depuis sa création, en 1950. Des peintures, des sculptures, de l'abstraction, de la figuration... La force tranquille de l'esprit de l'École de Paris. Démodé ? Pas sûr. Au fil des stands et des œuvres «moyennes», surgissent, ici et là, quelques pépites, comme les toiles de Lindström, de Christoforou ou de Chu teh Chun, et les sculptures de Bignolais. Il y a aussi les délégations étrangères invitées : si la luxembourgeoise est convenue, la danoise décoiffe. Connaissez-vous, par exemple, les toiles de Crebas ? Un salon, avec ou sans subvention, ça demeure un endroit drôlement propice pour une belle rencontre.


 Françoise Monnin
18.04.2002