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Art Brussels 2002 : jeune, chic et branché

Photographie urbaine et peinture néo-expressionniste : la vingtième Foire d'art contemporain de Bruxelles amorce un retour à l'image fixe.


«Comment, vous ne connaissez pas Bervoets ? Mais c'est le plus célèbre peintre expressionniste belge actuel» ! La responsable de la galerie De Zwarte Panter (Anvers) est catégorique. Non, je ne connaissais pas Bervoets… Il faut dire que cette galerie n'expose jamais hors de Belgique. C'est l'une des bonnes surprises de la nouvelle édition de Art Brussels, avec ses encres en très grand format (200 x 350 cm), représentant des scènes de la vie rustique, dans un style populaire, féerique, vaguement slave. Les galeries exposant ici étant essentiellement belges, allemandes, hollandaises et autrichiennes, les artistes présentés possèdent, globalement, une identité très figurative et souvent picturale. Pas désagréable du tout ! Même les exposants français s'y sont mis : la Galerie Claudine Papillon (Paris), par exemple, présente une jeune céramiste flamand nommé Creten, qui modèle de grosses têtes vertes et d'étranges jambes rouges, avec talent.


Michael Schultz (Berlin), est venu avec un lot de néo-fauves célèbres, comme Castelli, Penck ou Lüpertz. Le sculpteur à la tronçonneuse de petits hommes sages, Balkenhol, est exposé sur plusieurs stands, les peintres Kirkeby et Neumann sont également très présents. Ce qui plaît, ici, tout de suite, c'est que pratiquement aucune des œuvres présentées ne sent le fond de tiroir : presque rien que du frais, du à peine sec, du tout juste conçu ! Du coup, les découvertes ne manquent pas. Sujets favoris des artistes ? Le corps féminin, souvent ordinaire, voire laid, et parfois pornographique ! Et l'habitation : que d'immeubles et de cabanes, photographiés ou peints d'après photographies, souvent déroutants de banalité !

«L'entrée remarquée de la photographie sur la scène de l'art contemporain remonte aux années nonante», explique le spécialiste Denis Gielen, dans la préface du catalogue. Rare sont les stands qui ne présentent pas quelques clichés, toujours en très grand format, toujours focalisés sur des sujets anodins, très attirants pour un public jeune, ignorant l'histoire de l'art et cherchant une décoration «tendance» pour son loft. Qui sait si la foire de Bruxelles ne lui permettra pas de préférer les mêmes sujets, traités avec panache par les pinceaux de Eithne Jordan (Rubicon Gallery, Dublin), Daniele Galliano (Galleria Alessandro Bagnai, Florence), ou Ingmar Alge (Kuckei + Kuckei Galerie, Berlin) ?


 Françoise Monnin
03.05.2002