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Expositions

Parthenay, l’archéologie au quotidien

Le musée Georges Turpin fait le point sur 150 années de fouilles. Pièces inédites, histoire et législation, compte-rendu d’une archéologue...


Mouton d'or de Charles VI
(1368-1422)
. Parthenay,
Z.A.C. de Loges
Collection M. Liret
© Jo Strobel
Située dans le département des Deux-Sèvres, la ville de Parthenay présente un intérêt archéologique depuis le 19e siècle. «L’exposition tente de retracer l’histoire des fouilles, depuis les premières interventions des érudits locaux jusqu’à la création d'un poste d’archéologue municipal en 1989. Au 20e siècle, après les recherches menées par les savants, des associations se sont formées comme «Les amis des antiquités» vers 1950 ou «Parthenay remparts» dans les années 80» explique Nathalie Louis, conservateur du musée Georges Turpin. Sur une centaine de sites dans la commune, seuls quarante-neuf ont été recensés. On peut citer La Prée, ligne de fortification, la rue Moque-Souris ou encore la salle d’apparat de l’îlot Saint-Jacques sans oublier le château du 13e siècle entouré de vestiges de fortification du 11e siècle, qui, depuis dix ans, font l’objet de recherches archéologiques.

L’exposition propose un parcours dans l’histoire de la ville à travers des témoignages archéologiques. Réalisée en collaboration avec deux archéologues, Anne Flammin et Maria Cavaillès, cette présentation rassemble des pièces de céramique, des monnaies anciennes ou des haches de bronze et fait état des différentes législations. Selon Maria Cavaillès, «L’actualité des fouilles permet de faire avancer les recherches. Bien que nous nous appuyions sur des thèses plus anciennes, comme les écrits de Bélisaire Ledrain sur l’histoire de Parthenay au 19e siècle, il faut rester méfiant quant à certaines affirmations. L’archéologie n’est pas une science exacte. Ainsi, lorsque ces petites tasses à quatre lobes ont été découvertes, nous avons cru qu'elles étaient en calcaire. Notre hypothèse a été réfutée par des analyses scientifiques. Parthenay se situant dans une région granitique, il s'agissait tout simplement de kaolin. Nous savons que la ville a été construite par volonté seigneuriale vers l’an 1000. On continue pourtant à trouver des objets d’époques antérieures comme des haches polies, des silex ou des monnaies gallo-romaines. Faut-il conclure à une occupation antérieure, détruite ou encore enfouie ? »


Tasses polylobées et pichet
Terre cuite et glaçure verte
XIVe siècle. Parthenay,
château, fouilles de la tour
nord. Dépôt archéologique
de Parthenay © Jo Strobel
Les œuvres présentées sont issues des collections permanentes, de prêts de particuliers et du musée de Poitiers, détenteur de la collection de Bélisaire Ledrain. «La pièce la plus ancienne est une monnaie à l’effigie de Philippe de Macédoine, du 4e siècle, trouvée dans le jardin d’un habitant de la commune. C’est justement sur cette notion d’éducation que nous avons souhaité insister afin de sensibiliser la population sur la valeur d’un patrimoine à sauvegarder. La déclaration obligatoire des découvertes fortuites est l'un des points importants, au même titre que l’interdiction d’utiliser des détecteurs de métaux à l’origine de destructions irréversibles». Étendues sur toute la ville, les fouilles préventives permettent de sauvegarder, ou au moins de prendre connaissance des vestiges enterrés. L’emplacement du musée a été fouillé durant trois ans avant la construction du bâtiment. Des ateliers de tisserands et des fours ont ainsi pu être étudiés. «La fouille ne représente que 20% du temps de l’opération. L’étude des objets et les recherches historiques sont bien plus longues. Trouver une pièce de domino n’a rien d’exceptionnel en soit, mais découvrir les origines de son introduction sur le territoire en 1700 permet de faire progresser la connaissance des siècles passés».


 Stéphanie Magalhaes
22.05.2002