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Expositions

Pour l'amour de la Vierge de Guadalupe

Une cinquantaine d'ex-votos populaires du Mexique sont présentés à la galerie Michel Gilet.


Ex-voto
© Pascal Saumade
«Vierge, mille mercis pour le miracle de la guérison de mon fils Pedrito de sa grave maladie pulmonaire. Raquel Reyes, 7 novembre 1980». Les mots sont écrits gauchement, le support est une boîte de conserve martelée, transformée en plaque. L'image qui les accompagne est naïve : un squelette agite les bras au dessus d'un malade alité. Une Vierge prie, dominant l'ensemble. Tel est l'un des ex-votos actuellement présentés à la galerie Michel Gillet. Ils datent des années trente aux années quatre-vingt et ont été peints afin d'être cloués dans une église mexicaine, en guise de remerciement à la Vierge ou à un saint, pour une catastrophe évitée. Certains sont peints par le principal intéressé, d'autres par un artiste populaire, spécialisé dans ce type d'icône si particulier. Naïves et chamaniques, ces petites images frappent par leur simplicité, leur lisibilité, leur authenticité. Les couleurs sont vives, les formes résumées à leur essence. La majeure partie de ces ex-votos est peinte à l'huile, sur métal. Quelques-uns sont brodés sur un coton ordinaire. Les drames ainsi contés sont particulièrement émouvants. Ici, un homme remercie la Vierge de l'avoir protégé du sida lorsqu'il a passé la nuit avec une prostituée (1980). Là, une femme fait de même, pour avoir été pardonnée par son père, à la suite d'une relation amoureuse lesbienne (1986). Il y a aussi beaucoup d'histoires d'accidents de voiture (1953), de coups de corne (1930), de morsures de scorpions (1953), de retour de guerre du Viet Nam (1969) ou de combats de catch (1979).


Ex-voto
© Pascal Saumade
Pascal Saumade, célèbre passionné d'art brut, de figuration libre et d'art populaire, sillonne depuis quatre ans le Mexique à la recherche de tels objets et n'en finit pas de vanter leurs qualités artistiques. Les premiers, il les a trouvés dans les marchés aux puces ou rachetés à des collectionneurs de plus en plus nombreux. «Dans certaines familles, les ex-votos n'étaient pas offerts à une église mais conservés à domicile». L'artiste Frida Kahlo, au milieu du 20e siècle, avait lancé la mode. «Il y a aussi les prêtres qui vendent les anciens ex-votos, pour faire un peu de place», admet l'amateur, qui n'en est pas à sa première exposition, puisqu'il a déjà présenté de telles peintures au musée d'Art naïf à Paris et au musée de l'Art modeste, à Sète. Si les œuvres anciennes se font rares et de plus en plus chères, les artistes mexicains d'aujourd'hui proposent de plus en plus d'ex-votos spécialement conçus pour les collectionneurs. Il ne s'agit plus d'actes de foi, mais de simulacres, au demeurant fort décoratifs. «Ainsi, les peintures de David, dont l'atelier est situé à Mexico, sont de véritables œuvres d'art». Étonnant voyage... La tentation est grande de quitter la galerie en emportant l'une des œuvres proposées à la vente : elles ne coûtent que 350 à 500 € !


 Françoise Monnin
29.05.2002