Accueil > Le Quotidien des Arts > Tanguy en majesté

Expositions

Tanguy en majesté

La rétrospective consacrée au peintre surréaliste par la galerie Malingue est digne d'un grand musée.


Tanguy, Les forains
Photo: Françoise Monnin
© ADAGP
Quarante et une œuvres ! Quarante et un bijoux, pourrait-on dire, tant, à la surface de chacune des gouaches ou des toiles présentées, tout n'est que fluidité, calme et sensualité. «C'est formidable tout ce qu'ils ont», s'exclame une visiteuse. «Ils ont dû rafler un héritage, on en voit si peu, des Tanguy», réplique son mari. Renseignements pris auprès de Daniel Malingue et de son assistante, Perrine Leblan, le noyau dur de l'exposition provient de la collection de la galerie. Autour, les Malingue (le père travaille désormais avec ses deux fils) ont fait appel à des musées et à des collectionneurs particuliers, avec lesquels ils sont en bon terme et en affaire depuis des années.

Résultat ? Tout Tanguy est ici bien représenté. Même le début, presque naïf, voir, brut, de l'œuvre, grâce à la toile Les Forains (1926), qui fait partie des rares œuvres de jeunesse ayant échappé à la colère de l'artiste (il les a brûlées dans les années trente). Vient ensuite Le Phare (1926), un collage ludique. Le reste appartient à la part connue de l'aventure : partout, sur des fonds aux allures de marées basses, se dressent des formes indéterminées, sensuelles et patinées. C'est plein d'effets d'aurore et de densité, d'histoires de bulles et d'antennes, de poils et de cils, de langues et de phallus. Certaines figures aérodynamiques n'ont rien à envier aux décors du récent épisode de La Guerre des Étoiles. D'autres évoquent un curieux alphabet en trois dimensions : ici, minéral, là, caoutchouteux. De l'ensemble réuni surgit avec force la personnalité onirique de l'autodidacte breton, chéri par les surréalistes, qui vécut la bohème, jusqu'à la deuxième guerre mondiale, à Paris, avant de filer aux Etats-Unis, où il termina ses jours, à 55 ans (en 1955), auréolé de gloire, grâce au soutien de la collectionneuse Peggy Guggenheim. Comme tout ce qui est rare les œuvres de Tanguy sont chères : si vous souhaitez faire votre marché à la Galerie Malingue, il vous en coûtera 30 000 € à 80 000 € pour un dessin, 130 000 € à 200 000 € pour une gouache et 400 000 € à 2 500 000 € pour une huile... Avis aux Peggy d'aujourd'hui !


 Françoise Monnin
24.05.2002