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Expositions

Josefa de Obidos, Nature morte aux plats de gâteau, pot à lait en faïence, panier de fleurs et de pois, 1676
© Musée Jacquemart-André


Portugal, pays où le baroque est couleur

Le musée Jacquemart-André de Paris réhabilite le 17e siècle portugais. Peintures, orfèvrerie et faïence introduisent à un art négligé mais plein de vie.

Cette exposition lève le voile sur une production artistique florissante et pourtant peu connue du grand public : le 17e siècle. « Depuis plus de 20 ans, les historiens de l’art dressent un inventaire du patrimoine artistique national. Le siècle du baroque devient enfin, aux yeux de tous, synonyme de créativité» se réjouit Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur du musée et commissaire de l’exposition. Devant une Adoration des Bergers de Josefa de Ayala il nous en dit plus : « Le ministère de la culture portugaise nous a contactés pour accueillir ces 80 œuvres d’art. Un quart des pièces proviennent d’institutions religieuses dans lesquelles ont été découvert de véritables chefs-d’œuvre comme cette navette et cuillère à encens. Ces œuvres n’ont, pour la plupart jamais quitté le pays. »

De grands musées portugais ont participé à cet événement en prêtant des œuvres de qualité : le Palácio Nacional da Ajuda, le Museu nacional de arqueologia de Lisbonne, le Museu Machado de Castro de Coimbra, le Museu nacional Soares dos Reis de Porto,...« Outre les peintures et les objets de culte, nous présentons un des héritages des plus caractéristiques de ce siècle : les carreaux de majolique. Des pièces extraordinaires de caractère, de la poésie en bleu et blanc, mêlant parfois quelques touches polychromes.»souligne Nicolas Sainte Fare Garnot devant deux panneaux figurant Erato et Polymnie.

Après 60 ans de domination espagnole, le Portugal accède à l’indépendance en 1640. « Voyez L’incendie de Troie de Diogo Pereira : nous voilà confrontés à une culture savante, mythologique qui illustre une situation de crise. » Ces toiles sombres sur fond d’incendie ont été longtemps conservées à l’abri des regards dans des cabinets de collectionneurs particuliers. Le Déluge, L’Enfer, allégorie des sept péchés capitaux, L’incendie de Sodome sont autant de pamphlets dénonçant la domination espagnole. « Les bodegons nous introduisent dans une peinture plus décorative comme le témoignent la Nature morte aux oranges, oignons, truite et crabe de Baltazar Gomes Figueira ou encore les deux Nature morte aux gâteaux, terres cuites et fleurs de sa fille, Josefa de Obidos». Dans cette composition majestueuse, vétitable jardin des délices intérieurs, regorgeant de fruits et de fleurs en tous genres, seul le petit escargot du centre semble nous rappeler à l'humilité.


 Stéphanie Magalhaes
25.09.2001