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Expositions

PhotoEspaña dans la cour des grands

Le festival madrilène s'est affirmé en quelques années : c'est aujourd'hui le plus fréquenté au monde dans sa spécialité. Ses concepteurs nous présentent l'édition qui vient d'ouvrir.


Ortiz Echague, Secretos de anso
1920-1930, Courtesy musée national
d'Anthropologie
PhotoEspaña continue sur sa lancée. Le festival de photographie s’est créé en quelques éditions une réputation enviable et entend, cette année, malgré les contrecoups du 11 septembre (c’est à cette époque que la recherche de sponsors pour un budget global de 1,7 million d’euros battait son plein), maintenir une fréquentation de l’ordre de 600 000 visiteurs. Soixante-et-une expositions sont programmées, dont vingt-neuf constituent la sélection officielle, dans les principaux centres d’exposition (musée Reina Sofía, Casa de América, centre culturel Conde Duque, etc.). A l’origine du festival se trouve La Fábrica, une entreprise de gestion culturelle créée en 1994 et dirigée par Alberto Anaut. La Fábrica publie une trentaine de livres de photographie par an et édite la revue «Matador». «Nous avons récemment organisé le festival des Canaries à Madrid qui a duré trois semaines et nous sommes l’organisateur du festival du cinéma compressé sur Internet, avec Canal Plus, qui rencontre un grand succès, avec un budget de 550 000 euros, 650 films et plus d’un million de téléchargements. Depuis 2000, nous organisons aussi, pour le compte de Caja Madrid, la principale caisse d’épargne espagnole avec La Caixa, les prix Generaciones, consacrés aux artistes de moins de 36 ans et dotés d’un million et demi d’euros de prix.»


La caja de Pandora, New York, 1995
© Susan Meiselas / Magnum Photos
La commissaire, Oliva Rubio, est en milieu de mandat. Elle avait débuté l’an dernier une séquence de trois ans sur le thème de l’identité. Le cru 2002 l’aborde sous l’angle du genre, en étudiant sa composante féminine, comme l’ont d’ailleurs fait les Transphotographiques de Lille, ouvertes le 15 mai. «Notre parcours est large, confie Oliva Rubio, nous partons des avant-gardes des années vingt avec Dora Maar, Berenice Abbott, Claude Cahun ou Ilse Bing, passons par les performances des années soixante, par lesquelles les femmes ont utilisé leur propre corps, l’affranchissant ainsi de son statut d’objet.» L’approche n’est, bien sûr, pas uniquement chronologique. Des expositions collectives traitent du moi, du travestissement, du masque, de la femme fatale, etc. Parmi les photographes exposés, des classiques comme Ortiz Echagüe, Federico Patellani ou August Sander, des Espagnols dans le vent comme Tony Catany ou Joan Fontcuberta, mais aussi Araki, Catherine Opie, Jürgen Klauke ou Susan Meiselas. «Nous attachons de l'importance à la découverte de nouveaux talents, comme ceux que nous présentons à la salle Minerva du Cercle des Beaux-Arts, qui reçoit cette année Ana Casas. Son travail - mêlant photos anciennes, clichés récents et textes - étudie le rapport entre les générations.» Si le festival perd un de ses lieux-phares, la Casa de Vacas, dans le jardin du Retiro, il investit pour la première fois le métro, en particulier la station Canal où, durant tout le mois de juin, les panneaux d’affichage sont entièrement consacrés à la photographie.


 Rafael Pic
13.06.2002