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Patrimoine

Archilab piétine

Le thème de la manifestation orléanaise, « L’économie de la terre », est pavé de bonnes intentions. Les résultats sont-ils à la hauteur ?


Jones, Partners : Architecture
Architecture mobile, projet
Implanté à Orléans, Archilab est une manifestation qui explore l’architecture et ses champs connexes, à travers des travaux de jeunes concepteurs ou de maîtres d’œuvre plus chevronnés. Avec le changement de municipalité l’an dernier, on a craint que ce rendez-vous annuel ne soit annulé. Heureusement, le maire a cru bon de poursuivre l’aventure.
Pour sa quatrième édition, les commissaires Marie-Ange Brayer et Béatrice Simonot ont choisi de mettre l’accent sur ce qu’elles ont appelé l’« économie de la Terre », qui entend le territoire aussi bien urbain que paysager. Après l’habitat, l’an passé, l’environnement, pris au sens le plus large, peut dès lors intégrer toutes les architectures, créées à partir d’un contexte, d’une matrice commune. Et c’est le cas. Malgré la réduction du nombre de participants (trente au lieu de quatre-vingt-dix l’an dernier), on pouvait s’attendre à une présentation plus claire. Il apparaît en effet difficile d’établir un fil conducteur entre les différents groupes invités.


Field Operations, Fresh Kills Reserve
New-York, Etats-Unis, concours, 2001
Quelques projets poétiques…
Parmi les architectes invités, hormis le groupe espagnol Actar, les abonnés des premières années ont laissé leur place à des agences qui développent des démarches écologico-humano-contextuelles. Poète de l’espace et de la matière, le Japonais Kengo Kuma éveille nos sens - odorat, vue et toucher - avec ses blocs de terre et de paille compactée pour les parois du temple d’Anyo-ji au Japon – les matériaux sont choses rares à Archilab ! ; ses compatriotes du groupe Tezuka étendent la pratique du lieu au-delà des limites comme dans la Wall-less House ou la Roof House où les habitants s’offrent le luxe de déjeuner sur le toit de leur habitation ; loin des images de synthèse, la Française F.-H. Jourda retranscrit son architecture, soucieuse de l’air que l’on respire, par des collages dynamiques ; l’Espagnol Enric Ruiz-Geli imagine une volière à Barcelone, résille maillée tendue sur un arbre qui forme la seule structure. Une belle image au milieu des cartes et plans complexes, voire indigestes.

Et d’autres plus ardus
Finaliste pour la fondation Pinault à Boulogne-Billancourt, Manuelle Gautrand a spécialement réalisé pour la manifestation une habitation ondulante… Le projet attend acheteur. Francis Soler expose ses derniers travaux : le projet d’un concours à Lorient sur la base Kermoran, le viaduc de Millau et un lycée à Nouméa ; Nox/Lars Spuybroek imagine des « protocoles d’urbanisation souples, ouverts et flexibles » qui entendent proposer de nouvelles expériences. Les projets ne sont pas toujours faciles d’accès pour les architectes, c’est dire si le néophyte s’y perd. Un symposium de la critique d’architecture, animé par Frédéric Migayrou, devait rassembler les grands critiques. Au final, peu suivi par les intéressés, le débat n’a pas décollé. Restait l’intervention de James Wines du groupe américain Site qui en a ravi plus d’un, au même titre que l’exposition de ses bâtiments au musée des Beaux-Arts d’Orléans.


 Rafaël Magrou
05.07.2002