Accueil > Le Quotidien des Arts > Quand Thatcher perd la tête

Expositions

Quand Thatcher perd la tête

L’iconoclaste qui a décapité une statue de l’ancien premier ministre se justifie devant le tribunal.

Depuis la montée sur l’échafaud de Charles Ier en 1649, aucun dirigeant britannique n’avait connu pareille mésaventure. Et le responsable n’est pas le chanteur Renaud, qui avait vociféré son animosité contre la Dame de fer dans les années 1980, mais un jeune père de famille de 37 ans, producteur de théâtre, Mike Kelleher. C’est en apprenant dans The Guardian que l’effigie en marbre de Margaret Thatcher, sculptée par Neil Simmons, allait entrer à la Guildhall Gallery, qu’il aurait mûri sa décision. Selon le même quotidien, qui assistait à l’audience du 16 décembre, Mike Kelleher ne renie pas son acte mais le qualifie d’«humour satirique».

Dans sa défense, le prévenu a expliqué qu’il n’en voulait pas à Dame Thatcher mais aux valeurs qu’elle véhiculait, représentatives d’un monde malade, du capitalisme sauvage aux pulsions guerrières. Il a calmement décrit la façon dont il avait procédé le 3 juillet 2002. Ayant renoncé à une batte de base-ball, qui aurait pu être détectée au contrôle, il s’est replié sur un instrument semblable, mais insulaire entre tous, une batte de cricket, dissimulée dans son pantalon. Une fois la salle opportunément désertée, Mike Kelleher a frappé à la tête. Sans effet concluant puisqu’il dut achever sa mission à l’aide d’un des piquets de fer qui servaient à l’entourer d’un cordage protecteur. «La tête est enfin tombée» - les propos sont rapportées par Sarah Hall, la journaliste du Guardian. «Autant que je m’en souvienne, j’ai visé le nez, qui me semblait donner une bonne prise - et elle a vraiment un gros nez.» Le jury, qui comptait quatre hommes et huit femmes, a renoncé à rendre un verdict. Le jugement est reporté au 22 janvier.


 Rafael Pic
04.01.2003