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Expositions

Art numérique et vieilles bactéries

Les créateurs multimédias explorent de nouvelles pistes et n’hésitent pas à croiser le fer avec le vivant. Le festival @rt Outsiders en réunit la fine fleur.


C Sommerer et L. Mignonneau, Life Species,
installation interactive. © MEP.
PARIS. «Notre propos est de montrer l’incursion des nouveaux médias dans tous les domaines de l’art et l’effet d’hybridation qui s’ensuit» explique Jean-Luc Soret, le directeur artistique. Lancé à titre d’essai à Beyrouth en 1999, le festival a rapidement trouvé son public. la première édition parisienne, en 2000, a investi des lieux variés : la Maison européenne de la photographie (MEP), l’espace Vivendi ou des bars comme le Batofar et le Web Bar. La deuxième, en 2001, a attiré 13 000 visiteurs en 12 jours. La troisième, qui ouvre cette semaine, compte sur un budget conséquent - plus de 200 000 € - et fait intervenir divers partenaires, dont la Mairie de Paris, le Centre national de la cinématographie et la SCAM. Elle propose près de 10 installations à la MEP et des expositions dans d’autres galeries.

Créez vos propres bactéries
Les artistes ont été sélectionnés pour leur côté « pertinent et sulfureux » après de nombreuses visites de galeries et des heures de navigation sur internet. L’aspect subversif est notamment incarné cette année par le Bio-art. Sous cette appellation est regroupée une nouvelle race d’artistes qui se sert du vivant pour créer. Dans Genesis, Eduardo Kac a traduit en morse puis en ADN virtuel des passages de la Bible. Ces gènes sont ensuite greffés sur des bactéries dont l’on accélère le développement par rayonnement UV. Un projecteur informe les spectateurs de l’activité fébrile des bactéries. Le très attendu Bio Wall de l’École polytechnique de Lausanne, en développement depuis une décennie, réagit au toucher et fait naître de nouvelles cellules qui composent une mosaïque multicolore. Cet art « transgénique » est-il si nouveau ? « Non, répond Jean-Luc Soret, il n’est que l’aboutissement de plusieurs siècles de recherche. Les botanistes de la Renaissance qui croisaient des fleurs en faisaient déjà partie. »


 Rafael Pic
18.09.2002