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Peinture, j’écris ton nom

D’abîme à ziquette, l’auteur dessine un abécédaire idéal pour mieux embrasser le monde des peintres.

Trop de mots… Voilà une doléance qu’on adresse rarement aux peintres. Et pourtant : tous leurs instruments, toutes leurs techniques, tous les supports qu’ils utilisent ont un nom. Et l’histoire de la peinture se décompose elle-même en une infinité d’écoles, de courants, dont certains sont entrés dans le langage de tous les jours. Cet ouvrage invite à les maîtriser avec discernement. On y trouve les classiques : châssis, chevalet, pinceau, tube. Mais aussi des termes obscurs : l’azaline est un colorant jaune, la couleur de la fausseté ; un mur maginois est peint à fresque ; un massier est un boursier des Beaux-Arts ; parfondre signifie « composer une nuance à partir de couleurs mélangées ». On y rencontre quelques jalons essentiels, de Fayoum (Ier siècle ap. J.-C.) à Support/Surface (1969-1972) en passant par les Demoiselles d’Avignon de Picasso (1907), dont la saga bénéficie de deux pages d’explication.

De Picasso à picassé
Mais il ne s’agit pas d’un parcours « officiel » et il n’a par ailleurs rien d’ennuyeux. On s’amuse beaucoup en abordant le monde de la peinture par la bande. Apoileries et dégoulinades sont fort parlantes, tout comme merdoie, qui était le nom d’une teinte verdâtre sous Henri IV. On apprend que le mastic, utilisé en particulier par Buraglio, est tiré du lentisque et que François Boucher était péjorativement connu au XVIIe siècle comme un « savonneur de moutons ». Les mots sont parfois plus expressifs que les images… Comme on pouvait s’y attendre, Picasso est une abondante source lexicographique : picassien, picassisme, Picassiette (le surnom de l’artiste « brut » Raymond Isidore). Seul picassé échappe à l’emprise du maître de Malaga : le terme, utilisé par Colette, provient du dialecte solognot et signifie « tacheté ».


 Rafael Pic
24.08.2002