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Les Mayas, redécouverte d’un peuple

Le photographe Miquel Dewever-Plana s’est attaché à immortaliser la vie quotidienne des Indiens du Guatemala et du Mexique.

Combien de temps encore perdureront les traditions millénaires des Amérindiens du Mexique et du Guatemala ? Miquel Dewever-Plana s’intéresse à ces survivants de l’oppression coloniale, évoluant aux marges de la société contemporaine. De la préparation du premier repas de la journée, constitué entre autres des fameuses tortillas (galettes de maïs, base de l’alimentation maya), aux travaux de la terre, le photographe propose un regard fidèle sur les habitants des villages qu’il a cotoyés durant cinq années. Des pêcheurs du lac Atitlán aux paysans en bottes de caoutchouc et pantalons traditionnels aux couleurs bariolées semant à flanc de montagne, le photographe observe des hommes luttant chaque jour pour leur subsistance. Aujourd’hui encore, ils utilisent des techniques précolombiennes comme l’écobuage ou la pierre à moudre. Plus loin, nous découvrons des photographies de petites églises coloniales, à Chimbán et à Santiago Atitlán (Guatemala), pratiquement abandonnées par le clergé. Les Mayas ont conservé leurs croyances anciennes en les intégrant à la religion catholique. Bougies et aiguilles de pin ornent les sols, tandis que s’élèvent des volutes d’encens dans ces lieux de culte au décor dépouillé, sans statues ni chaises. Dehors, des processions et des danses honorent les saints patrons des villages.

Dans leur intimité
Miquel Dewever-Plana a partagé la vie des Mayas du Chiapas et du Guatemala. Aussi livre-t-il des moments intimes et secrets de ce peuple. Par exemple, l’accouchement d’Elena à Santa María Cauque : la délivrance se déroule sous le regard attentif de la grand-mère, en présence «des âmes invisibles des morts dont elle énumère les noms dans une litanie à peine audible». Le quotidien, c’est aussi la lutte armée. Une série de portraits réalisés en 1997 à Ixcán, au Guatemala, montre le visage des combattants de l’EGP (l’Armée de la Guérilla des Pauvres). Le format du livre permet de grandes reproductions. Les images fortes et sans complaisance sont accompagnées de textes signés Alain Breton (ethnologue) et Anne Cazalès (journaliste). Le livre s’achève en question ouverte : quel est l’avenir de ce peuple en mutation, partagé entre respect du passé et soif de modernité ?


 Laure Desthieux
10.08.2002