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Les arts décoratifs après les Années folles

Deux ouvrages pour comprendre une période de transition et d’expérimentations.


Années 40, années 50, les éditeurs accompagnent le mouvement de redécouverte des arts décoratifs. Aux éditions du Regard, Anne Bony, qui avait dirigé la collection Décennies, explore les Meubles et décors des années 40 dans les différents pays occidentaux. Aux éditions Norma, c’est Patrick Favardin, directeur de la galerie À rebours, qui s’attelle à la tâche de dresser un panorama français des Décorateurs des années 50 sous la forme d’une cinquantaine de notices. D’une décennie à l’autre, bien sûr, certains acteurs restent inchangés. Les carrières d’Adnet, d’Arbus, de Perriand, de Poillerat ou de Quinet se prolongent. Signe du caractère périlleux de l’exercice qui consiste à «classer» des créateurs, René Gabriel se trouve défini d’un côté comme un traditionaliste - pour ses créations dont les lignes simples sont souvent comparées à celles de Süe et Mare - ou comme un moderniste - pour son engagement en faveur d’un mobilier populaire qui ne soit pas une simple transposition des modèles luxueux dans des matériaux ordinaires.


L’avènement du plastique et du tube métallique
Malgré ces continuités, la rupture de la guerre est prégnante. Les années 1940 donnent à voir une valse hésitation entre la réinterprétation des styles du passé et le choix d’une modernité rationnelle, entre un lit de repos d’Arbus en laque nuagée verte décoré d’appliques en ivoire et un fauteuil en feuille d’aluminium pliée et perforée de Rietveld. Les années 50 signent en quelque sorte le divorce des arts plastiques et des arts décoratifs. La disparition de la clientèle la plus aisée et la nécessité de répondre aux besoins d’un pays en pleine reconstruction vont de pair avec le renoncement aux modèles historiques et avec le développement de meubles dont les formes sont imposées par leur utilité et leur moindre coût. Le tube métallique, le skaï, la tôle, la mousse de latex ou le Formica deviennent ainsi omniprésents. Mais dans des formes qui dénotent encore une vitalité et une certaine insolence.


 Zoé Blumenfeld
08.01.2003