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Expositions

Un plongeur examine une pièce © Frédéric Osada


Une jarre délivrée des concrétions marines © Philippe Sébirot


Plat en porcelaine bleu et blanc avec deux sages © Philippe Sébirot


Brunéi, un trésor sous la mer

La Conciergerie expose le contenu d’une jonque chinoise abîmée en mer de Chine au 15e siècle.

TotalFinaElf est de nouveau sous les feux de l’actualité, mais pour une bonne cause, cette fois : en tant que mécène d’une opération d’archéologie sous-marine. Alors que le groupe pétrolier effectue l’entretien de conduites sous-marines en 1997 au large du sultanat de Brunéi, les techniciens détectent une anomalie au sonar. A l’issue d’observations plus poussées, l’anomalie se révèle être une épave munie d’un riche chargement. Les autorités locales et la direction de l’entreprise d’hydrocarbures décident d’engager une opération de sauvetage et choisissent l’archéologue Michel L’Hour pour la coordonner, de mai à août 1998.

L’exposition dévoile une partie des quelque 14 000 objets remontés à la surface. Mais, pour le grand public, rien ne ressemblant plus à une céramique thaï qu’une autre céramique thaï, le parti pris, judicieux, a été de ne présenter qu’un échantillon réduit des pièces découvertes. Et encore ne les découvre-t-on qu’en fin de parcours après avoir cheminé sur un long plancher en teck. Le propos est plutôt d’expliquer toutes les étapes d’une telle aventure. Après avoir été initié, sur écran, à la méthode du carroyage - diviser l’épave en carrés d’un mètre de côté que l’on explore l’un après l’autre - on a droit, sous une tente blanche, à une plongée simulée de 6 minutes, avec une bande-son aux bruits de bulles et de décompression explicites. Puis l’on avance entre des cages de fer emplies d’assiettes, de vases, de pâtes de verre : toutes pièces qui proviennent des fonds - 65 mètres sous la surface - que les équipiers demeurés sur la barge, en surface, ont dû traiter pour les préserver.

On découvre ainsi l’existence de métiers moins glorieux que celui du plongeur-archéologue qui, dans la lignée de Jean-Yves Empereur ou du contesté Franck Goddio, est appelé à la reconnaissance médiatique. Dessinateurs chargés de relever la coupe et le profil de chacune des pièces, intervenants chargés de les tamiser puis de les dessaler par bains successifs, chercheurs tenus d’inventorier les pointes de flèche, les éléphants en grès, les bracelets verdis par cinq siècles dans les courants troubles… Un parcours bref mais bien charpenté qui se conclut par un spectacle son et lumière sur des gradins bordés d’eau. Le grand public appréciera et pourra désormais placer Brunéi sur une carte. Pour les spécialistes qui n’y trouvent pas leur compte, il sera toujours temps de se replier sur le catalogue, conçu sous forme de traité scientifique.


 Rafael Pic
29.09.2001