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Expositions

Quand la soie devient brocart

Le Musée Carnavalet consacre une exposition à Prelle, le célèbre atelier lyonnais.


Lemire, lampas 2 lats, patron 4402,
traitement de fleurs avec effets
d’armures différentes, 1853,
inv. 32850 © Manufacture Prelle.
PARIS. À travers un choix de croquis, d’albums, de maquettes et d’échantillons d’étoffes, l’exposition revient sur deux siècles et demi de production de la manufacture Prelle. Dès le début du XVIIIe siècle, on dénombrait à Lyon quelque quinze mille métiers pour la production des tissus qui constituaient la grande fabrique. Dès 1769, la maison Guyot et Germain avait pour principaux clients le Garde-Meuble de la Couronne et la cour de France. La notoriété de l’entreprise reposait alors essentiellement sur la cohésion entre le fabricant et le dessinateur, à l’origine de créations artistiques très prisées par les marchands parisiens. Ce n’est qu’au début du XXe siècle que la fabrique prend le nom de l’un de ses dessinateurs : Eugène Prelle. Le parcours de l’exposition restitue, de manière chronologique, les différentes phases de la manufacture en évoquant les aspects techniques, les styles et le succès notoire de ses soieries à l’étranger. Un éclairage dirigé sur les étoffes met en valeur les brocarts d’or et d’argent.

De la création à la restauration du patrimoine
Comme un voyage dans le temps, la muséographie transporte le visiteur dans les appartements des Princes à Versailles, à l’Opéra-Garnier ou dans le cabinet particulier de Napoléon au Grand Trianon. La succession de cinq générations de créateurs renouvelle, au fil des siècles, les motifs et les méthodes de tissage : des soieries brochées et brodées de décors floraux habillant le meuble d’été de Marie-Antoinette à Versailles au fauteuil de Dufrêne de style Art déco, en passant par les tentures en velours ciselé de l'hôtel de la Païva sur les Champs-Élysées, les étoffes de la manufacture suivent les goûts et les modes. Même les vêtements liturgiques n’y échappent pas, comme en témoigne cet ensemble de chasubles et d’étoles. Dans les dernières salles, des projets de tissus signés Ruhlmann et une vue du petit salon de conversation du paquebot Paris décoré par Lalique confirment la continuité de la manufacture dans le domaine du luxe. En plus des commandes de la Frick Collection de New York pour les tentures de son musée, les restaurations des décors originaux du château d’Amalienbourg au Danemark ou du Musée Nissim de Camondo à Paris font aujourd’hui partie des nouvelles activités de la soierie lyonnaise.


 Stéphanie Magalhaes
21.01.2003