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Expositions

Chronique d’une cité

D’immenses images de la photographe Isabelle Tardiglio ornent les immeubles d’Empalot. Des bords de la Garonne, automobilistes et passants découvrent une exposition insolite, à fort contenu social.


Les immeubles d'empalot
© Isabelle Tardiglio
TOULOUSE. L’hiver dernier, Isabelle Tardiglio a installé son studio chez les habitants d'Empalot. Au printemps, elle a organisé une exposition itinérante dans chacun des appartements qui lui ont ouvert leurs portes. Depuis le début de l'été, l'association « Entrez sans frapper... le quartier s'affiche » a hissé ces immenses portraits en noir et blanc sur des bâches, tout en haut des immeubles de la cité dont le taux de chômage est de 39,89 %. « Pourquoi le noir et le blanc ? Parce qu’ils sont des "contraires inséparables", parce qu’ils favorisent la transmission du message. La couleur, inscrite actuellement dans beaucoup de travaux photographiques, un peu comme une mode, me semblait superficielle face aux discriminations vécues. Elle montre de façon plus abrupte les différences de la réalité, la couleur de la peau, par exemple. Mon travail ne veut pas montrer les différences, il veut montrer différemment», explique Isabelle Tardiglio.

Pas de la pub, mieux que de la pub
C’est en mars 1998, peu après s’être installée dans le quartier, que la photographe a décidé d’aller à la rencontre des habitants, armée de son savoir technique, de sa réflexion esthétique et critique. Les meilleures photos, choisies en commun, ont été imprimées sur des bâches de cinq mètres sur cinq et de trois mètres sur trois. Ces portraits géants placés en haut des tours vont rendre de l'identité à des individus. À plus de dix mètres du sol, ils nous regardent et nous sourient. Contre-pied aux affiches qui envahissent nos murs, ils sont uniques et ne vendent rien. Anonymes mais identitaires, ils nous invitent seulement à percevoir le quartier autrement. Ces visages amusés qui veillent pour quelque temps sur les allées et venues toulousaines nous rappellent à l'ordre : ici vivent des gens.


 Muriel Carbonnet
11.09.2002