Accueil > Le Quotidien des Arts > Objets de Dublin

Musées

Objets de Dublin

La Chester Beatty Library a conquis le public depuis son déménagement au centre de la ville. Réorganisée et modernisée, elle a été récompensée en mai 2002 par le prix annuel des musées européens.


Hiroshige, Vue du Mont Fuji -
Suwa Lake
, c. 1858.
© Chester Beatty Library.
DUBLIN. Composée de manuscrits, gravures, icônes, peintures, livres et objets d’art datés de 2 700 av. J.-C. à nos jours, la collection est l’une des plus importantes au monde d’œuvres religieuses. Mais, cachés au fond d’un musée excentré, ces trésors d’Asie, du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’Europe demeuraient largement méconnus du monde et des Irlandais eux-mêmes. «Tout a changé depuis que le musée a déménagé en plein cœur de Dublin, c’est une révélation pour le public», explique Michael Ryan, son directeur depuis dix ans. Installé depuis février 2000 dans la tour de l’horloge du château de Dublin, le musée ouvert en 1957 connaît une affluence record. L’année dernière, 80 000 visiteurs, pour la plupart européens, ont découvert la collection, soit 70% de plus que deux ans auparavant. «Le musée a été réinventé», explique cet historien d’art qui a su ingénieusement réorganiser et mettre en valeur la collection, par des éclairages spécifiques et des vidéos explicatives. Un coup de balai qui a payé : au mois de mai dernier, pour la première fois en Irlande, l’établissement a reçu le prix annuel des musées européens devant vingt et un autres concurrents.

Millionnaire et philanthrope
Les œuvres ont été réunies dans la première moitié du XXe siècle par le millionnaire américain Chester Beatty (1875-1968). Dans la seule collection islamique, on compte deux cent soixante fragments de Coran - dont un copié à Bagdad en 1001 par Ibn al-Bawwab, l’un des grands calligraphes de l’Islam médiéval. Passionné très tôt par les arts asiatiques, Chester Beatty amassa toute sa vie des objets en série, par exemple deux cents tasses en corne de rhinocéros ou encore neuf cents tabatières en matériaux précieux. Les fines gravures japonaises (certaines datant du VIIIe siècle) et les livres de jade signés par l’empereur Qianglong au XVIIIe siècle font partie des plus belles pièces. Grand philanthrope, le baron Chester Beatty fit don de sa collection au peuple irlandais en 1950. En retour, il fut gratifié du premier titre de citoyen d’honneur du pays et reçut à sa mort des funérailles publiques.


 Anouchka Roggeman
06.11.2002