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Patrimoine

Scarabées d'appartement, longueur : 2-3 mm. Photo : Central Science Lab © English Heritage


Dégâts causés par le lépisme à un papier peint de William Morris © David Pinniger


Les insectes passent à l'attaque

La conférence qui s'ouvre aujourd'hui à la British Library, à Londres, fait le point sur les dégâts causés aux œuvres d'art par les insectes. Et compare les différentes méthodes utilisables pour les combattre.

Papillons, punaises, mites… Si petits et pourtant si dangereux ! C'est le message implicite de la conférence internationale qui commence aujourd'hui à Londres. Conjointement organisée par l'English Heritage (l'organisme gérant les demeures historiques appartenant à l'Etat), le Science Museum et le National Preservation Office, elle réunit plus de 200 spécialistes du monde entier pour trois journées de débats.

Pendant des années, on a utilisé pour lutter contre les insectes soit des composés inorganiques à base de mercure ou d'arsenic soit des produits chimiques comme le bromure de méthyle. Les premiers sont efficaces contre les animaux nuisibles mais sont également des poisons pour l'homme Les seconds détruisent la couche d'ozone et sont donc progressivement interdits. C'est déjà le cas pour le bromure de méthyle aux Etats-Unis. Il s'agit donc de trouver de nouvelles méthodes de protection, la plus efficace - et souvent la plus économique - étant la prévention.

Lorsque l'animal a déjà attaqué l'objet, on dispose aujourd'hui de trois principaux modes d'intervention : le froid (placer la pièce pendant 72 heures à -25°C), la chaleur (élever la température jusqu'à 55°C) ou la privation d'oxygène. Cette dernière technique est la plus inoffensive mais elle exige un traitement de plusieurs semaines. En revanche, les deux premières présentent des dangers pour les tableaux (les toiles peuvent se craqueler) ou des objets d'art tribal, dont la résine peut fondre.

Toutes ces stratégies seront abordées au cours de la conférence. On y discutera de situations particulières : les musées disposant de moyens limités, les musées dans les climats tropicaux, tandis que l'on élargira l'étude aux pigeons et aux geckos. Des cas d'école seront présentés : l'éradication des insectes nuisibles dans les réserves d'ethnologie du Royal Ontario Museum à Toronto, le traitement au dioxyde de carbone au Japon ou encore les techniques utilisées par le musée d'histoire naturelle de Liverpool dans les collections de mammifères naturalisés…


 Rafael Pic
01.10.2001