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Expositions

Paul Day le vertigineux

Les hauts-reliefs de l’artiste anglais redéfinissent les lois de l’architecture.


Paul Day, La comédie humaine, détail,
terre cuite, 42 cm.
© Galerie Alain Blondel.
PARIS. Rouge terra-cotta ou couleur bronze, les sculptures de Paul Day renouvellent le genre du haut-relief. Travaillant rigoureusement sa composition, comme l’attestent les dessins préparatoires exposés, l’artiste (né en 1967) déforme, écrase, éclate les perspectives. Avec une précision d’architecte mais un regard d’humaniste, il s’interdit les effets de couleurs, auxquels il substitue ceux du relief, pour reconstruire des scènes d’une impressionnante véracité. Il place le regard du spectateur derrière un œil-de-bœuf déformant. Dans Châtelet CCTV, devant une foule de personnages du métro parisien, le majeur d’un jeune homme hargneux jaillit violemment hors de la composition. Plus loin, dans une salle de café, le spectateur tourbillonne au-dessus des convives pour s’en aller tomber dans le décolleté d’une pulpeuse demoiselle. Partout, les compositions happent le regard et l’entraînent vers l’arrière-plan où pullulent de minuscules personnages.

Fasciné par l’histoire
Inspiré par les sculptures d’Epstein, par l’œuvre picturale d’Anthony Green ou encore par les scènes urbaines de Raymond Mason - voir Le départ des fruits et légumes du coeur de Paris (1969) dans la toute proche église Saint-Eustache -, l’artiste a su synthétiser ces influences variées. Quand il ne pose pas son regard sur une tranche de vie, c’est l’histoire qui le fascine. Après avoir réalisé pour Bruxelles une fresque de 20 mètres relatant les mémoires de la ville (La Comédie Urbaine, 2001), Paul Day va créer à Londres un monument dédié à la Bataille d’Angleterre. Ce qui ne l’empêchera pas de rester fidèle à sa région d’adoption, la Bourgogne.


 Anouchka Roggeman
29.10.2002