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Expositions

Passage de flambeau

Le MAAO tire sa révérence et cède la place au Musée du Quai Branly avec une exposition consacrée à l’Alaska.


Archipel de Kodiak, Masque
An^un (le vieillard)
, bois
peint, 12 x 12 x 5 cm, coll.
Alphonse Pinart du Château-
musée de Boulogne-sur-Mer.
© Musée du quai Branly /
photo Philippe Chancel.
PARIS. «Kodiak» marque une étape cruciale dans l’histoire des musées ethnographiques parisiens. Première exposition montée par le Musée du Quai Branly, elle est également la dernière à être présentée au sein du Musée des arts d’Afrique et d’Océanie (MAAO). À la fin du mois de janvier prochain, les collections permanentes vont en effet quitter le très Art déco pavillon de l’Exposition coloniale pour être traitées et acheminées vers le nouvel établissement. Pour bien signifier cette rupture, l’exposition aborde une région normalement située hors du champ d’action du MAAO : l’Alaska. Ou plus précisemment Kodiak, un ensemble d’îles à l’extrême est de l’archipel des Aléoutiennes.

Une culture méconnue
Située à mi-chemin entre les aires inuit et indienne, cette culture reste largement méconnue. Un phénomène qui s’explique notamment par la faible représentation de la culture matérielle Kodiak dans les collections publiques internationales. La quasi-totalité des artefacts présentés ici provient du Musée d’anthropologie de Saint-Pétersbourg - dont le fonds remonte à l’époque où ce territoire était placé sous la couronne russe - et du Château-musée de Boulogne-sur-Mer. Comment soixante-dix masques d’Alaska ont ainsi échoué sur la Côte d’Opale ? Ils ont été rapportés par un jeune homme originaire du pays, arrivé à Kodiak en 1871 avec l’ambition de démontrer que le peuplement de l’Amérique provenait de l’Asie.

Une muséographie convaincante
À ceux qui redouteraient un art de la froideur, la muséographie vient apporter un peu de réconfort. Ce sont des tonalités brique qui enveloppent le visiteur dans la première partie consacrée au quotidien des habitants de Kodiak. Vanneries surpeintes, hochets agrémentés de becs de macareux, maquettes d’embarcation et costumes cousus en duvet d’aigle, en intestins de phoque ou en dépouilles de canard introduisent d’emblée dans cet univers… Agréable préambule au morceau de bravoure, le défilé des masques. Dans une galerie obscure, rythmée par cinq portiques en tule, les masques stylisés et expressifs en bois polychrome émergent sous un halo lumineux, évocation des auréoles de plumes qui les nimbaient autrefois.


 Zoé Blumenfeld
27.11.2002