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Expositions

Bertrand Lacombe monte un coup d’État

La République utopique du jeune artiste investit plusieurs institutions lyonnaises.


Le Bunker © Musée d'Art Contemporain
de Lyon
LYON. Deux galeries, une médiathèque et le Musée d'art contemporain : le premier coup d'éclat de Bertrand Lacombe ne passe pas inaperçu. Ni l'artiste qui, du haut de ses deux mètres, déborde d'idées et d'énergie. N'ayant pu ouvrir la galerie de ses rêves à Annecy, faute de moyens, il a créé un territoire/État imaginaire, le Floating Land… «Une micro- nation souveraine et indépendante destinée à la diffusion de créations actuelles, orientées vers des problématiques d'auto-gérance, de survie, de défense et de nomadisme», comme il le définit lui-même. Floating Land est une utopie, au sens littéral du terme, qui s'approprie des lieux bien réels pour déployer quelques-uns de ses effets. Les concepts et stratagèmes de contamination, d'occupation, de réseau sont largement mis en œuvre. Avec l'accord bienveillant des responsables d'institutions !

« Envahir l'art contemporain »
Lacombe, peu attiré par l'esthétique ou la représentation, se situe plutôt aux frontières de l'artisanat, de l'architecture et du projet interdisciplinaire. Parcourant ses installations, le visiteur est immergé dans une structure, actif, sans cesse surpris, dérangé dans ses «habitudes muséales». Le Néon a été transformé en dédale avec, en son centre, un mini-restaurant japonais. On s'y déplace le dos courbé, franchissant de multiples obstacles avant de terminer sa course sur une sorte de toboggan. Le rez-de-chaussée du Musée d'art contemporain est devenu un véritable parcours du combattant avec sacs de sable, bunker, pont de singe, passerelles, cabane de survie et sous-marin ! La galerie Métropolis présente des maquettes de réalisations ou de projets «floating landais». Enfin, la médiathèque de Villeurbanne a été arbitrairement désignée «État floating landais» et, ses visiteurs, citoyens dudit État. Plusieurs performances s'y dérouleront. Lacombe, avec la complicité de sa compagne Sophie Dejode, tisse ainsi une première toile, propose un premier territoire «désorganisé». Subversif ? Oui, en ce qui concerne ses idées. En revanche, concrètement, les réalisations demeurent un brin timides, sont plutôt amusantes et bousculent en douceur. Pas facile d'intégrer les idées de squat ou de contre-pouvoir dans un musée, sans faire de concessions.


 Jean-Emmanuel Denave
06.12.2002