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Marché

Le mystère Hiepes

Une toile de Pseudo Hiepes pourrait atteindre 350 000 €. Retour sur l’«invention» d’un maître espagnol.


Nature morte au bouquet de lys et paniers
de fruits sur un entablement
, huile sur
toile, 86 x 125 cm,
estimation 150 000 / 200 000 €.
© Millon & Associés.
PARIS. Pseudo Hiepes… Ce nom sonne étrangement pour un artiste dont on signale uniquement qu’il a été actif en Espagne autour de 1650 à 1675. Il s’agit en fait d’une appellation de convention choisie par l’historien d’art américain William Jordan pour désigner les natures mortes d’un anonyme dont le style évoque celui du peintre de Valence, Tomas Hiepes. Ces toiles se caractérisent par un agencement ternaire - propre à l’école espagnole -, un traitement très contrasté de la lumière et un étonnant sens du volume. Nombre d’entre elles associent fleurs, fruits et animaux à des objets décoratifs caractéristiques de la région de Valence et du nord de l’Aragon comme des verres latticinio, au décor blanc opaque.

Un corpus en devenir
Depuis 1991, année durant laquelle quatre tableaux de cet artiste ont été mis en vente à Madrid chez Edmund Peel, William Jordan a ainsi reconstitué un corpus d’une quarantaine de tableaux, essentiellement conservés entre des mains privées, et dont l’absence de signature rendait l’identification incertaine. Nombre d’entre eux avaient d’ailleurs été attribuées à Pedro de Camprobín ou Sánchez Cotán, le maître connu pour ses natures mortes aux légumes suspendus au dessus d’un entablement de pierre. Parmi les toiles que l’historien d’art souhaiterait voir réattribuées à Pseudo Hiepes figurent à présent de nombreuses créations du Maître de la Fruttiera Lombarda, un artiste caravagesque du début du XVIIe siècle…


 Zoé Blumenfeld
06.12.2002