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La mondialisation des angelots

Puissant outil de propagande de la Contre-Réforme, le baroque a été le premier mouvement d’art planétaire.

Au départ, c’était une petite perle irrégulière - c’est du moins l’étymologie que l’on donne habituellement du mot «baroque». À l’arrivée, c’est un mouvement foisonnant qui s’attaque à tous les arts avec une prédilection pour la sculpture et l’architecture, les disciplines qui se prêtent le mieux aux jeux de scène. Plutôt que de prétendre à une impossible exhaustivité, les auteurs ont préféré tirer quelques fils de la pelote baroque. On surfe parfois - mais c’est de bonne guerre - sur des thèmes porteurs, comme les anges ou l’extase, illlustrée par Lodovica Albertoni et sainte Thérèse sous le ciseau du Bernin. Mais l’on aborde également des problématiques moins courantes comme celle des cérémonies - avec les extraordinaires scénographies de la Rome du XVIIe siècle - ou des vanités. Le baroque, allégorie de la mort ? Voilà un rapprochement obligé tant le baroque est saisi par une peur panique du vide. Cet horror vacui pousse les sculpteurs à accumuler, même quand il s’agit de nous mettre en garde contre les illusions de notre séjour terrestre, crânes et ossements. En bons connaisseurs du sujet - Giovanni Careri l’a beaucoup commenté et Ferrante Ferranti beaucoup photographié, en compagnie de son habituel duettiste Dominique Fernandez - les auteurs connaissent leurs classiques - l’Italie, la Bohême, le Mexique. Mais ils n’oublient pas d’accorder leur place aux sculptures en pierre à savon de l’Aleijadinho au Brésil, aux palais d’Osuna en Espagne, aux retables boliviens ou savoyards.


 Rafael Pic
12.12.2002