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© D. R.

Guy Savoy, chef cuisinier

Couronné cette année des trois étoiles Michelin, Guy Savoy vient d’être élu chef de l’année par ses pairs. Dans son restaurant de la rue Troyon, comme dans sa vie, le beau est indissociable du bon.

Que collectionnez-vous ?
Guy Savoy.
C’est comme si l’on me demandait de choisir mon plat préféré : impossible ! Je ne collectionne pas, pourquoi se restreindre à un artiste ou à une période ? Comme ma maison ou mon bureau, mon restaurant de la rue Troyon est habité par des tableaux, sculptures et objets contemporains de tous les continents. Pour chacun d’eux, Jean-Michel Wilmotte a conçu des espaces spécifiques. On y trouve par exemple des statues Yoruba et Bozo, un bouclier du Cameroun, une harpe de Bali, mais aussi des peintures de Georges Autard et Bram Van Velde, une sculpture de Jean Pierre Rives, l’ancien capitaine de l’équipe de France de rugby, une lithographie d’Alechinsky, et même, dans le coin cuisine, un petit tableau de Braque. Et là, en vitrine, à côté d’une Fat Lad chinoise de la dynastie Tang, une statue dogon découverte par Merri Jolivet : c’est mon «Homme qui marche de Giacometti». Rien qu’à moi.

Combien ça coûte ?
G. S.
Pas forcément grand chose. Mon dernier achat est une paire de tabourets africains achetés dans une galerie du Marais pour une centaine d’euros. Depuis mon premier achat, des dessins achetés à Drouot il y a 25 ans, j’achète par coups de cœur, ce qui me fait plaisir et ce qui me touche. En moyenne, les œuvres d’art me coûtent entre 50 000 et 100 000 francs. En revanche, la superbe sculpture d’Arman que j’ai vue récemment dans une galerie rue de Seine à 100 000 € ne sera pas pour moi.

Un restaurant peut-il se passer d’art ?
G. S.
L’environnement esthétique est essentiel pour moi. Pour qu’un lieu ait une vie, pour qu’il ressemble à quelqu’un, il faut qu’il soit animé par des œuvres d’art ou bien par des objets qui ont vécu. L’art ou la patine du temps apportent du caractère, permettent aux plus simples objets de ne pas être «que» des objets. C’est pourquoi je travaille la décoration de mon restaurant jusqu’aux assiettes, qui sont dessinées par Tony Soulié et Jacques Bosser, et aux beurriers, salières et bougeoirs en verre, qui sont l’œuvre de l’artiste Laurent Beyne. L’art donne à la vie un sens, et à mon restaurant une âme.


 Anouchka Roggeman
14.12.2002