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Marché

De la musique avant toute chose

De Londres à Paris, le marché des manuscrits musicaux voit se multiplier les records.


Manucrit de Richard Wagner.
© Sotheby’s.
LONDRES. « Il y a une longue tradition de collection de manuscrits musicaux », explique Simon Maguire, expert chez Sotheby’s. «Cela a vraiment commencé avec Beethoven. Il était très connu de son vivant et, à sa mort, tout le monde a voulu avoir une relique… Tous les papiers et les cahiers que contenait son appartement ont été vendus à Vienne, entiers ou démembrés ». Depuis une quinzaine d’années, cependant, l’intérêt soulevé par ces moments de l’histoire musicale va croissant et les prix semblent en constante progression. Une raison à cela ? «Depuis les années 1990, les institutions - principalement allemandes, autrichiennes et américaines - sont concurrencées par des acheteurs privés. Ils sont surtout américains, même si notre dernière vente a créé la surprise avec une résurgence des collectionneurs européens ». La vacation en question, le 6 décembre dernier, a ainsi vu l’établissement d’un nouveau record pour un manuscrit de Wagner : 534 650 £ pour la partition autographe du célèbre lied Wesendonck.

La primauté du contenu
L’autre raison de ce succès est inhérente au domaine… «L’oreille, c’est international !», analyse Michel Castaing de la librairie d’autographes Charavay, sous la forme d’une boutade. Or, les collectionneurs sont généralement des musiciens et des chefs d’orchestre, plus avides de partitions que de lettres de leurs compositeurs favoris. Et si Beethoven, Wagner ou Schubert sont particulièrement recherchés, les documents enrichissant la connaissance d’une œuvre font recette. Le 3 juillet dernier, le manuscrit complet de la Fantaisie - Impromptu de Chopin vendue par Poulain Le Fur atteignait ainsi 330 000 €. Il a certes profité de sa provenance prestigieuse - la collection du pianiste Arthur Rubinstein. Mais il permettait également de connaître la version originale d’une pièce publiée après le décès du compositeur ainsi que ses indications d’interprétation. De même, le 20 novembre dernier, le manuscrit du dernier acte des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, a été adjugé pour 177 223 € lors d’une vente de Pierre Bergé & Associés. L’acquéreur, le musicologue Jean-Christophe de Keck, prépare une publication sur le maître de l’opérette parisienne. Or, ce manuscrit permet d’affirmer qu’Offenbach a bien achevé son ultime opéra, même s’il fut joué dès 1881 dans une version totalement modifiée par Ernest Guiraud.


 Zoé Blumenfeld
03.01.2003