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Politique culturelle

Alin Avila, directeur de Arearevue)s(

«J'ai toujours offert des tableaux car se sont des objets mais aussi des espaces»


© Despatin / Gobeli.
Lundi 23 décembre. Je vais à Londres pour préparer un dossier de 40 à 60 pages que nous consacrerons à Leigh Bowery, le modèle de Lucian Freud, dans le quatrième numéro d’Area. Je rends visite à l’éditeur Robert Violette qui doit me montrer des documents et à deux amies proches de Bowery : Rachel Auburn et Sue Tilley. Si je reste le soir, j’irai voir le spectacle Taboo créé par Boy George, qui est entièrement consacré à Bowery. Dans le cas contraire, j’irai uniquement voir les costumes pour savoir comment nous pourrions les photographier.

Mardi 24 décembre. Normalement, le mardi est entièrement consacré à la revue. Dès midi, on fait le point sur son avancée. Nous sommes douze personnes, chacune avec ses intérêts propres. Je les reçois séparément pour aborder toutes sortes de questions et, le soir, on organise un dîner qui tient du défouloir et du débat d’idées. En fait, le sommaire bouge constamment. L’équipe est constituée depuis un an sur un principe de cooptation réciproque. C’est une structure molle qui permet une grande perméabilité des idées.



J’ai toujours offert des tableaux car ce sont des objets mais aussi des espaces.

Mercredi 25 décembre. C’est Noël en famille au milieu des tableaux, avec mon fils, mon petit-fils et quelques amis ! J’ai toujours offert des tableaux car ce sont des objets mais aussi des espaces. La peinture m’intéresse pour cela : elle ouvre le mur vers l’imaginaire. C’est le plus beau présent qu’on puisse faire. J’aime le terme de «présent» car il rend compte de cette confusion des temps : on donne un morceau de passé dont le message ne se délivre qu’après…

Vendredi 27 décembre. Je dois aller à Lille pour rapporter à Marina Bourdoncle - le modèle d’Eugène Leroy - des photos que nous avons publiées dans le troisième numéro. Je déjeunerai ensuite avec des amis de Leroy. Je voudrais réaliser un dossier sur l’existence, dans les années 1960, dans les Flandres, autour de Leroy, Theys ou Dodeigne, de quelque chose qui pourrait ressembler à une école. En dehors des «autoroutes», je crois qu’il y a encore des activités et des marchés locaux. L’histoire de l’art est dominée par les échanges marchands plutôt que par le discours sur les formes. Mon attitude est très situationniste, marquée par Debord. Dans les formes, il y a selon moi, une part universelle et une part de l’esprit des lieux.

Samedi 28 décembre. C’est la journée des projets ! Je dois voir Jeanne Gatard. Elle a fait don de l’ensemble des dessins de son mari, Alexandre Bonnier, au Centre Pompidou et au Musée de Saint-Etienne. Ils lui avaient promis une exposition et on voudrait leur faire tenir leur engagement. Cela fait partie des choses que l’on me demande à titre amical… Je dois également déjeuner avec Jean-Pierre Coffe. J’espère qu’il me préparera un bon repas ! Il voudrait donner une suite à son exposition sur les épouvantails et souhaite que je m’en occupe. Cette année, le thème serait les plaines venteuses de la Beauce. Le projet que je vais lui proposer parle du vent en utilisant des sculptures gonflables et divers appareillages comme des drapeaux ou des cerfs-volants.


 Zoé Blumenfeld
23.12.2002