Accueil > Le Quotidien des Arts > L’obsession iconographique de Jules Maciet

Livres, CD, DVD

L’obsession iconographique de Jules Maciet

«Le vertige des images» entrouvre la porte de l’étonnante collection de la Bibliothèque des arts décoratifs.

Jules Maciet (1846-1911) est l’un de ces hommes mystérieux dont il est difficile de savoir à posteriori ce qui a pu les guider dans leur quête. La sienne : constituer un répertoire encyclopédique des formes. Cette volonté d’embrasser le monde dans sa totalité, il la partageait avec certains de ses contemporains comme Pierre Larousse qui, dès 1856, s’était consacré à un dictionnaire universel avec lequel il souhaitait «instruire tout le monde sur toutes choses». À quoi pensait-il, ce célibataire défiguré par la petite vérole, en recherchant dessins, gravures, photographies ou chromolithographies, en les découpant, en les collant sur des pages blanches puis en les organisant dans cinq mille volumes classés par thème, par pays et par époque ? Ces gestes étaient devenus si automatiques que sa domestique, Octavie, racontait que, sur son lit d’agonie, ses mains cherchaient encore une paire de ciseaux.

Le monde en images
Alors que la Bibliothèque des arts décoratifs, détentrice des fameux albums, vient de réouvrir ses portes, Jérôme Coignard lève le voile sur l’homme et sur son grand-œuvre. Armoires à glace, caisses d’épargne, feuillages, aérostats, vannerie, instruments de torture, typographie, kiosques de jardins, carrelages, étiquettes costumes de théâtre, Jules Maciet voulait tout réunir. L’idée lui vint vers 1880. Le conservateur de ladite bibliothèque, alors installée place des Vosges, lui avait fait part de la déception des artisans venus consulter des ouvrages et repartis bredouilles, sans avoir pu y dénicher le détail technique ou le modèle qu’ils recherchaient. Considérant la création comme une perpétuelle transformation, il lui déclara : «Il faudrait des images, beaucoup d’images». Sa vocation était née et, près d’un siècle après sa mort, son œuvre continue à porter ses fruits. La preuve, s’il en fallait une, c’est que la Bibliothèque de l’Union centrale des arts décoratifs (UCAD) s’est attelée à la numérisation du fonds pour répondre aux demandes des créateurs d’aujourd’hui.


 Zoé Blumenfeld
14.01.2003