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Rendez-nous nos os !

Une communauté amérindienne du Canada veut récupérer les restes de ses ancêtres.

La communauté de Kitigan Zibi, l’une des dix que compte la nation algonquine de la région d’Ottawa, est décidement à la recherche de son passé. Durant l’été 2001, elle avait relancé l’exploitation d’un site archéologique situé dans le parc du lac Leamy à Hull, une commune limitrophe de la capitale fédérale. L’objectif était déjà de mieux connaître son histoire. Depuis septembre dernier, elle a entrepris de faire rapatrier les ossements de ses «ancêtres» exposés au Musée canadien des civilisations. Encore faut-il confirmer la filiation entre des groupes ayant vécu il y a plusieurs milliers d’années et cette communauté contemporaine…

De fait, c’est la teneur de la réponse qu’a rédigée le directeur du musée, Victor Rabinovitch, après avoir reçu la demande de restitution. Des analyses ADN seraient sans doute inefficaces compte tenu de l’âge des fragments osseux. Quant à la datation au carbone 14, proposée par le musée, elle ne fournirait pas d’arguments pour trancher avec certitude. Les revendications de la communauté de Kitigan Zibi sont nées après qu’elle eut pris connaissance de la provenance des ossements, à savoir des bords de la rivière des Ouataouais. Or, comme l’explique The Citizen Ottawa, nul ne peut affirmer que les groupements qui y étaient établis entre 4 000 et 2 000 av. J. - C. sont leurs ancêtres. Au contraire, certains chercheurs soutiennent que ces groupes préhistoriques auraient subi un processus d’acculturation et donné naissance à plusieurs Premières nations. Quant à ceux qui soutiennent la thèse d’une occupation continue de la région et considèrent ceux-là comme les ancêtres des Algonquins modernes, ils soulèvent un autre problème : celui de savoir à quelle communauté algonquine devrait revenir les reliques. Chacun cherche ses os...


 Zoé Blumenfeld
18.01.2003