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Mesnager dans la rue

Depuis vingt ans, l’artiste couvre les façades de son énigmatique personnage stylisé.

Il court, il court, le bonhomme blanc de Jérôme Mesnager, messager de l'art urbain. Qui ne l'a pas vu danser, sauter sur les murs et palissades de Paris ? À l'occasion du vingtième anniversaire de ce personnage, né en 1983 sur un mur de la petite ceinture de Paris, Jérôme Mesnager retrace son aventure artistique. Cet ouvrage, le premier d'une série dediée aux artistes urbains contemporains, se présente comme un journal intime et un carnet de route et de voyages : le récit est chronologique et les textes de Mesnager sont d'autant plus intéressants qu'ils ont été écrits à l'époque de ses faits d'armes. Et débute donc en 1983, lorsque, fraîchement émoulu de l'école Boulle, le jeune Jérôme se met à peindre avec «l'idée de trouver son style». En vis-à-vis des textes, on parcourt les rues de Paris, de New York - où il découvre Basquiat -, de Londres, de Rome, du Caire, mais aussi la muraille de Chine… Partout, le peintre essaime ses «corps blancs» dont les photographies sont reproduites ici.

La peinture qui explose
On suit ses tribulations avec sa première exposition dans une galerie avec jean-François Roudillon qui ouvre son espace (Loft) à Paris en 1986. Peintures sur toiles, palissades, métal rouillé, interventions sur les murs des prisons, il ne cesse de «faire le mur» en utilisant tous les matériaux possibles et en renvoyant à leurs pénates ceux qui veulent distinguer la peinture qui s'expose en galerie et celle qui explose dans la rue. Ce livre, qui révèle un parcours artistique riche, est également un témoignage et un document sociologique et politique fourmillant d'anectodes. On y apprend que si Mesnager n'est pas le précurseur de l'art urbain - avant lui, il y eut Ernest Pignon-Ernest et Gérard Zlotykamien -, il a ouvert la voie à toute une génération de graffeurs : les VLP, les frères Ripoulin, Miss Tic, Speedy Graffito Blek, Hondo. Tous porteurs d'une nouvelle forme d'expression artistique…


 Brigitte Camus
27.01.2003