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Marché

Ventes publiques 2002 : l'art est plus que jamais une valeur refuge.

Chiffre d'affaires en baisse, mais prix en hausse, le marché du fine art continue à combiner plaisir et placement.

Les données disponibles en fin d'année sur les ventes aux enchères de «fine art» entraînaient deux sujets d'inquiétude : le chiffre d'affaires baissait et les prix chutaient fortement au troisième trimestre. Le premier bilan global est nettement plus positif. La reprise du quatrième trimestre a annulé la baisse des trois mois précédents, et l'indice des prix montre au final une progression annuelle de 4%, bien supérieure à l'inflation. On n'a pas pour autant pu rattraper le chiffre d'affaires perdu qui a baissé sur l'année de 7,30% au niveau mondial, tandis que le nombre de transactions chutait considérablement de 25,9%.

Un marché plus sélectif
Les graphiques artprice montrent une croissance continue du taux des invendus depuis 5 ans, passé de 25 à 35%, ainsi qu'un décrochage du nombre de transactions aprés le pic atteint en 2000, sensible dès 2001 et considérable en 2002. La hausse continue des prix fait que ceci ne se répercute que partiellement sur le chiffre d'affaires global, mais celui-ci baisse régulièrement et se retrouve au-dessous de son niveau de 1999. L'effet 11 septembre a clairement un rôle dans ces mouvements, particulièrement net aux États-Unis. Il se traduit partout par une plus grande sélectivité des achats entraînant une hausse des invendus - notamment pour la «marchandise» moyenne -, une certain attentisme de l'offre en partie masqué par des ventes plus spectaculaires où les œuvres de qualité trouvent preneurs à des prix souvent records. Mais ce qui est vendu l'est à un prix constamment soutenu. L'art est aussi une valeur de placement.

Une nouvelle répartition du commerce international ?
L'analyse de l'évolution de la répartition des ventes entre 2001 et 2002 apporte un éclairage intéressant. Le groupe anglo-saxon, États-Unis et Grande-Bretagne, faisait 74,4% du chiffre d'affaires mondial en 2001. Sa part passe à 72,2% en 2002 et la Grande-Bretagne continue de grignoter la position des États-Unis qui perdent 4 points de part de marché tandis qu'elle en gagne 2. Pour le reste, dans ce volume d'affaires réduit, chaque pays garde exactement la même part que l'année précédente, à la seule exception de la France, qui passe de 7,4% à 9,7%, ce qu'ont perdu les États-Unis. Nous en verrons la semaine prochaine le détail et les explications. La répartition des lots vendus reflète la même situation. Notons simplement une fois de plus qu'avec un peu plus du quart des lots (26,8%) les Anglo-Saxons font toujours près des trois quarts du chiffre mondial. La recette : un marché riche, une fiscalité plus intelligente. Mais les acheteurs voyagent et les lois peuvent changer.


 Jacques Dodeman
04.02.2003