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Expositions

Antonio Joli (1700-1777), Le fort du Carmine et Borgo Loreto, huile sur toile.


Camillo De Vito (1790-1850), L'éruption du Vésuve de 1806, gouache.


A l’ombre du Vésuve

Une belle exposition napolitaine, qui ferme à la fin de la semaine, présente une centaine de vedute provenant de la collection Alisio.

«Mi hai forse preso per un Roomer ?» Cette interjection avait cours à Naples au 17e siècle comme le rappelle l’auteur de l’essai introductif, Carlo Knight. «Tu m’as peut-être pris pour un Roomer ?», cela voulait dire que l’on n’était pas riche comme pouvait l’être le dit Roomer. Ce marchand flamand, implanté à Naples, intéressé à tous les trafics légaux et illégaux, fermier des gabelles et grand argentier du vice-roi, fut aussi un grand collectionneur . Giancarlo Alisio fait partie de la même race. Venus de Turin et de Milan au début du 20e siècle pour travailler dans la manufacture d’armes familiale, ses parents eurent du mal à s’adapter à la cité parthénopéenne. Finalement intégrés, à coup de parties de chasse et de sorties sur leur deux-mâts dans la baie du Vésuve, ils succombèrent à la manie de Roomer. Le fils Alisio a poussé plus loin la flamme. En quelques décennies, il a réuni plus de 100 œuvres qui seront dans l’avenir léguées au musée de Capodimonte.

Toutes portent sur la ville, son paysage inégalable, ses petits métiers, sa nature. Parmi les interprètes locaux, le plus connu est Giacinto Gigante (1806-1876) avec notamment un Villa Reale au coucher du soleil mais le plus savoureux est sans conteste Saverio della Gatta (documenté entre 1777 et 1827) qui représente un truculent Vendeur de sorbet ou des événements historiques comme Le retour de Marie-Caroline. La plupart des chroniqueurs ne sont pas napolitains. Beaucoup viennent de Rome, de Milan, de Toscane : ils accourent notamment pour dépeindre ces éruptions vésuviennes, riches de feu et de fumerolles, dont la bourgeoisie éclairée était friande. Un autre fort contingent est constitué par ces peintres-voyageurs sur leur Grand Tour, dont Naples constituait une étape de choix : pour s’approcher d’Enée et de la Sibylle mais aussi pour se découvrir un mode de vie raffiné, entre promenades sur la Chiaia et réunions de sociétés savantes. D’un anonyme flamand du 17e siècle, qui détaille toute la baie sur une peau d’oie, et de Gaspar Van Wittel, en passant par Angelika Kauffman et Philip Hackert, jusqu’à Léon Richet, tous sont tombés amoureux d’un paysage mêlant souvenirs de l’Antiquité, costumes éclatants et vie locale pleine de pittoresque (les pêcheurs, les écrivains publics, les gamins ou scugnizzi). Le Pausilippe et la mer d’Italie que chantait Nerval…


 Rafael Pic
04.01.2002