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Marché

Le retour des pompiers

De femmes du monde en sujets mythologiques, l’atelier du peintre académique Léon Comerre est dispersé à l’hôtel Drouot.


Léon Comerre, Jezabel dévorée
par les chiens
, huile sur toile,
signée, 152 x 247 cm, estimation :
entre 15 000 et 18 000 €.
© Giafferi.
PARIS. Dans son testament, Madame Lion-Comerre, la petite-fille du Léon Comerre (1850-1916), demandait la dispersion de sa collection. Celle-ci compte de nombreux tableaux et dessins de son grand-père ainsi que des œuvres de ceux qu’il a admirés comme Alexandre Cabanel, dans l’atelier duquel il entra une fois reçu à l’École des beaux-arts de Paris. «Les deux tiers des œuvres étaient conservées dans son appartement parisien. Les autres étaient dans une grande réserve, sur leurs châssis ou roulées pour les grands formats, telle l’étude pour Sardanapale haute de plus de quatre mètres», explique l’expert Eric Schœller. Cette collection familiale, dont la plupart des pièces n’ont jamais été exposées, sera vendue les 3 et 4 février par Maître Giafferi. Heureuse entorse aux habitudes qui voient généralement les œuvres de Comerre mises en vente à Londres ou à New York, à la recherche d’un public anglo-saxon déjà séduit par l’artiste de son vivant.

Dans la veine orientaliste
De qualité inégale, parfois endommagées, ces cent cinquante peintures estimées entre 250 et 15 000 € constituent un intéressant témoignage de la peinture académique de la seconde moitié du XIXe siècle et des différentes influences qui l’ont marquée. Les figures de Pierrot ou de danseuses côtoient des œuvres plus personnelles : portraits de la fille de l’artiste endormie ou posant en infante «à la manière de» Vélasquez… Quant aux sujets religieux et mythologiques qui justifient l’étalage de nus, ils participent de la vogue orientaliste. Ainsi, le corps blanc de Jezabel dévorée par les chiens - l’un des envois romains de Comerre, alors résident à la Villa Médicis - se déploie sur des soieries aux couleurs chamarrées. Bien que cet enfant du Nord-Pas-de-Calais n’ait jamais mis les pieds sur le sol africain, un voyage en Andalousie accentuera ce penchant pour l’exotisme. Les portraits de femmes du monde arborant des costumes orientaux dans des intérieurs chargés ou devant des panneaux de mosaïques hispano-mauresques sont là pour en témoigner…


 Zoé Blumenfeld
31.01.2003