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Haussmann chantiers

À côté d’une synthèse complète sur les travaux d’Haussmann à Paris, un historien recense les matériaux constructifs et décoratifs utilisés dans la capitale.


Sous la préfecture d’Haussmann (1853-1870), Paris a vécu une mue dont le résultat est encore visible aujourd’hui. De nombreuses critiques ont porté sur la brutalité de ces travaux d’homogénéisation. Mais en quoi a consisté ce processus d’urbanisation ? Pierre Pinon éclaire le sujet avec brio dans un ouvrage de référence, étayé d’une riche iconographie (photos, cartes et plans), en décryptant le projet et la réalisation : les difficultés de financement, les procédures d’expropriations, les déplacements de population, les travaux et leur lot de découvertes archéologiques, comme celle des arènes de Lutèce, mises au jour en 1869 lors des travaux de fondation d'un dépôt d'omnibus, qui en occupera la partie septentrionale jusqu'en 1914. Suit un panorama complet des différentes percées, solution radicale permettant des expropriations de grande envergure, seules capables de «régénérer» la ville. L’Atlas du Paris haussmannien nous rappelle que ce moment clé de l’histoire de l’urbanisme n’a pas été l’œuvre du seul Haussmann. De multiples protagonistes ont été impliqués, à commencer par Napoléon III.


La brique et le béton réhabilités
En contrepoint, Matériaux de Paris égaye le visage de ce Paris haussmannien, à la physionomie trop calibrée. Dans un plaidoyer pour la diversité et la polychromie, ce spécialiste des matériaux nous expose leur multiplicité et leurs usages dans le bâti parisien. Bois, pierre, plâtre, brique, couvertures, fer et fonte, verre, mosaïque, céramique et béton y sont traités par une histoire de leur utilisation. On apprend ainsi que le zinc est une technique importée de Chine, qui ne servit aux couvreurs qu'au XIXe siècle, avant de devenir largement dominante - 85% des toitures actuelles l’utilisent. Des matériaux mal aimés y sont réhabilités : la brique, en faveur à la Renaissance mais aujourd’hui assimilée aux logements ouvriers, et surtout le béton à l’«image oppressive», pourtant beau lorsqu’il est traité avec soin.


 Sophie Flouquet
30.01.2003